La cuisine moléculaire en deux mini-expositions


Ce printemps, si la cuisine moléculaire vous intrigue, je vous propose deux minis expositions sur ce thème qui devraient vous ravir. La première, c’est l’exposition « Experience 14 : WAHH » du Laboratoire (4 rue du Bouloi à Paris). Vous en avez entendu parler, David Edwards s’est cette fois associé à Philippe Starck pour concevoir un nouveau dispositif de cuisine aérosole avec le WAHH, après le WHIF et le WHAF. J’ai testé tout ça…


Quand je parle de mini exposition, je n’exagère pas : dans le large espace du laboratoire, vous pourrez d’abord voir une vidéo où David Edwards et Philippe Starck nous parlent du concept du WAHH. Dans une seconde pièce sombre, un comptoir lumineux vous attend pour tester 3 bouchées (2 salées et une sucrée) où le WAHH est utilisé comme ingrédient supplémentaire, une sorte d’assaisonnement un peu spécial. Alors que le WAHH rouge apporte un côté pimenté/poivré bien fort, le WAHH noir donne une subtile note parfumée. Ensuite? Ensuite, c’est fini pour le WAHH, on peut passer du côté de la médiathèque pour tester le WHAF. Cette fiole magique à la forme étudiée par le designer culinaire Marc Brétillot active ses vibreurs piezo-électriques une fois inclinée, pour déverser dans un verre (ou sur une assiette si besoin) un nuage de saveur.

On notera avec intérêt les progrès de la « cuisine aérosole » de David Edwards depuis les premiers WHIF qui nous avaient particulièrement déçus. Maintenant, les recettes appliquées à ces produits permettent d’obtenir un effet maximum avec un « quantum » de produit. Le meilleur exemple est l’AéroShot, un WHIF rempli d’une recette énergisante, qui permet, en inspirant ces quelques microgrammes, d’avoir un effet équivalent à un verre de Red Bull (ou autre boisson énergisante ultra-calorique dans le genre). On pense alors à l’application de ce genre de recettes magiques dans d’autres domaines, la pharmacie par exemple (une bouffée de médicament, c’est plus agréable qu’une pilule!) En parlant d’effet maximum, n’hésitez pas à passer dans le showroom du laboratoire, où, en échange d’une photo de vous en train de tester l’engin, on vous laissera expérimenter l’effet du WAHH. Tous les journaux (et le communiqué de presse) parlent d’une « ivresse instantanée », mais c’est bien sûr un gros mot marketing (vu que le processus de l’ivresse s’attaque aux neurones, impossible en une fraction de seconde en inspirant un produit quel qu’il soit, d’atteindre le cerveau…), mais on remarque que le contenu de ce petit vaporisateur a le pouvoir de vous laisser une sensation très pimentée, alors que vous n’en recevez qu’environ 0,05ml par pulvérisation! Ainsi « l’effet d’ivresse » dont on nous parle est juste le choc de cette pulvérisation brusque ultra poivrée et pimentée.

Vous n’êtes pas convaincus? C’est compréhensible, on est aux premiers balbutiements de cette cuisine aérosole… Pour une cuisine plus pratique, c’est au Palais de la Découverte que ça se passe. Ici, pas non plus de grande exposition, mais un petit stand, ou plutôt un atelier de cuisine moléculaire (décoré par les très belles photos de Mathilde de l’Ecotais, qu’on ne présente plus) animé par les étudiants de Raphaël Haumont, le physico-chimiste associé à Thierry Marx. Ca s’appelle « quand les molécules se cuisinent », et vous y apprendrez par la démonstration que toute la cuisine, aussi classique soit-elle, est « moléculaire », et que derrière cette appellation, on ne parle pas uniquement de sphérification (c’est même devenu ringard)… Parce que la cuisine, ce n’est rien d’autre que de la chimie, avec un soupçon de poésie en plus.

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