De temps en temps, Focal quitte les salons feutrés et insonorisés pour sortir des produits nomades. En 2012 (oui, ça fait déjà 12 ans!) la marque française sortait son premier casque, le Spirit One. Un casque à la qualité de son étonnante pour son prix (199€ à l’époque), mais qui avait été handicapé par une qualité de construction plus que décevante pour se faire un nom. Ce n’est qu’en 2016 que Focal a corrigé le tir avec le Listen, mais il était trop tard pour séduire les foules avec un casque filaire, c’est donc resté un produit de niche.
On comprend que Focal prend son temps… Et ce n’est donc que l’année dernière que les Stéphanois ont sorti le Bathys, leur premier casque bluetooth!
Que les choses soient claires, Focal n’essaie plus de se positionner sur du mass market, et son Bathys est un casque à 799€. Voyons voir si ce casque mérite son prix.
Un Focal Bathys, ça reste un casque Focal : un bel arceau métallique recouvert de cuir, des oreillettes volumineuses avec des coussinets bien épais, et des coupelles en plastique perforé ornées du logo Focal, qui devient lumineux sur le Bathys (une très mauvaise idée, on va le voir plus tard). Un look qu’on connaît depuis quelques années, et qu’on aurait aimé un peu plus raffiné (comprendre : sans plastique apparent) étant donné le tarif de ce casque. En résumé, c’est un casque haut de gamme extrêmement bien assemblé mais qui manque un peu de classe visuellement pour justifier son prix.
Le Bathys utilise de bons vieux boutons pour se contrôler, pas de commandes tactiles, ce qui est plutôt bien pour l’ergonomie, d’autant plus que ces boutons sont facilement repérables de façon tactile avec leur relief, mais là encore le tout plastique déçoit.
Focal livre ce casque dans un bel étui rigide de rangement recouvert de tissu, mais puisque les oreillettes ne se replient pas le long de l’arceau, il faudra un peu de place dans votre sac pour voyager avec le Bathys… Et ses 368g risquent de ne pas se faire oublier facilement, c’est la rançon de la qualité!
Deux coloris sont disponibles (avec à chaque fois une housse coordonnée) : un classique et triste noir et un plus chaleureux « Dune », à l’essai ici. Enfin, les deux câbles nécessaires sont fournis : un mini-jack et un USB-C.
Performances
Cela faisait plusieurs années que je n’avais pas porté un casque Focal. Et bien on est tout de suite en terrain connu : outre le poids bien présent, mais plutôt mais bien réparti, on sent un certain effet de pince sur les oreilles, qui sont complètement isolées du monde extérieur par les larges (et chaudes) oreillettes en cuir dotées d’une confortable mousse. Ce n’est pas désagréable, mais c’est bien présent.
On se connecte en bluetooth avec l’application officielle Focal/Naim, et là encore, on est en terrain connu : Focal n’a pas de signature acoustique reconnaissable comme certaines marques qui bidouillent le son, ou celles, plus nombreuses, qui donnent une signature en V à leur courbe de réponse en fréquence (plus d’aigus et plus de basses). On pourrait dire que finalement la neutralité Focal devient reconnaissable car de moins en moins de marques offrent une vraie courbe de réponse neutre. Mais il y a un point où la marque française sort toujours du lot, année après année : la scène sonore est étonnamment ouverte, bien plus que ce que l’on pourrait attendre d’un casque complètement fermé.
Pour faire simple, ici vous avez un rendu neutre, complètement neutre, avec une superbe dynamique et des détails tellement précis que vous redécouvrirez vos morceaux préférés. Et si vous trouvez que ça manque de basses, c’est qu’elles manquent nativement sur votre enregistrement. Bien sûr, vous pouvez personnaliser la réponse en fréquence pour donner au Bathys le son que vous préférez, mais c’est le genre de casques qui vous fait redécouvrir la musique et la qualité d’enregistrement et vous fera rechercher des sources de très bonne qualité pour exploiter son plein potentiel. En résumé, au début c’est frustrant, mais en fait ça nettoie les oreilles et ça tire vers le haut!
En ce qui concerne l’ouverture, la scène sonore est large, avec des instruments bien répartis dans l’espace, mais sans aucun artifice du genre « spatial audio » ou Dolby Atmos. Ce qu’il a de bien ce Bathys, c’est qu’il fait redécouvrir des joies d’une excellente stéréo à une époque où trop de gens ont troqué leur système audio pour une petite enceinte connectée pas assez large pour offrir une vraie stéréo.
Bien sûr, la qualité audio est limitée quand on utilise uniquement la connexion Bluetooth, surtout sur iPhone, où le casque ne pourra utiliser un codec amélioré comme le AptX, mais même utilisé comme ça, on profite vraiment d’une belle qualité de restitution. Un souci cependant : les pas de réglage à l’appui sur les boutons de volume sont trop grands, j’aurai aimé plus de finesse, et j’ai souvent fini par corriger le volume sur mon téléphone.
Là où le Bathys respire vraiment, c’est quand on le connecte en filaire, via USB-C ou jack. Attention, même en jack, il faudra allumer le casque (et donc utiliser sa batterie) pour entendre quelque chose, ce Focal ne disposant pas de mode passif. Et étonnamment, l’utilisation en mode DAC USB-C ne permet pas d’écouter et de recharger la batterie en même temps, dommage, mais dans tous les modes l’autonomie est énorme, proche des 30 heures. En USB, le casque possède un DAC intégré, ce qui veut dire que vous pourrez avoir la pire carte son du monde, vous pourrez obtenir un son de qualité hifi (192kHz/24 bits)en filaire. C’est très bien vu pour un casque à ce prix.
Du côté annulation de bruit, plusieurs éléments sont à prendre en compte : l’atténuation passive des gros coussinets du Bathys est excellente, parmi les plus fortes que j’ai pu tester. L’annulation active a donc moins de travail à fournir, mais elle ne fait pas de miracles, elle est assez moyenne, clairement en deçà de ce que font des AirPods Pro Max par exemple. Notons que le mode transparence n’est pas non plus très naturel, et que vous aurez plutôt tendance à enlever le casque, mais alors vous remarquerez un petit point négatif : le Bathys ne possède pas de capteur de port, donc la musique ne se mettra pas en pause lorsque vous l’enlèverez. Frustrant.
Un point m’a énervé : la plus mauvaise idée de conception de ce casque vient des logos Focal Illuminés. Déjà, je ne vois pas l’intérêt. Non seulement c’est bling bling, mais même si vous êtes fan du bling, étant donné que personne ne connaît Focal, vous n’impressionnerez personne.
Ce n’est hélas pas le pire. Le pire, c’est qu’en écoute en milieu calme, l’illumination des logos crée un bruit parasite, un léger sifflement haute fréquence. Une fonction inutile qui dégrade la qualité de son sur un casque audio haut de gamme, c’est clairement du jamais vu et un truc à ne jamais refaire!
Enfin, l’utilisation de ce casque en kit main libre pour les conversations téléphoniques est assez décevante, les micros ayant du mal à isoler la voix du porteur dans un environnement un peu bruyant.
Conclusion
Je pense que la meilleure façon de juger le Focal Bathys est de le voir comme un excellent casque Hifi qui peut servir en mobilité. Si vous ne cherchez qu’un casque pour vos déplacements à utiliser en bluetooth, il y a des offres plus légères, plus jolies, avec une meilleure annulation de bruit ou plus ergonomiques. Mais si vous cherchez un casque pour des sessions d’écoute active à la maison, en filaire, avec une superbe qualité de restitution, sans vouloir investir dans un second casque bluetooth pour sortir et sans transiger sur autre chose que la baisse de qualité audio liée à l’utilisation du bluetooth, ce Focal est une offre à considérer. Un casque pour mélomane, pas du tout pour technophile.
Les + :
+ Rendu sonore tout simplement excellent
+ Construction de qualité
+ Excellente autonomie
Les – :
– Trop de plastique pour 800€
– Serre un peu trop les oreilles (et les chauffe aussi)
– Annulation de bruit moyenne
– Mode transparence décevant
– Logos éclairés qui entraînent un sifflement parasite (heureusement désactivables)