Quand j’ai commencé à m’intéresser au sujet des aspirateurs robots (en 2010, avec les toutes premières versions de Philips et Samsung…), je n’imaginais pas l’accélération folle qu’allait subir le secteur en une dizaine d’années. On est passé de robots qui donnaient un semblant de propreté à des petites merveilles de technologie capables d’aspirer correctement même sur des tapis assez épais, de cartographier les espaces à la perfection, d’éviter les obstacles courants et même de passer la serpillère, avec des stations qui s’occupent de vider leur bacs et de nettoyer leurs serpillères. Le nettoyage du sol sous forme complètement robotisée est une vraie réalité désormais. Je pensais que la catégorie allait donc gentiment stagner pour devenir un appareil électroménager comme les autres, un appareil dont on a du mal à cerner l’intérêt de la nouvelle version face à la précédente. Et bien c’était sans compter sur la stratégie d’innovation très agressive des constructeurs chinois.
Chez Roborock, le Saros Z70 cache bien son jeu : derrière une trappe, un bras robot se déploie et peut saisir des objets légers une fois le ménage fait pour passer aux endroits évités mais visiblement aussi pour ranger.
Alors c’est sûr, ce qui fonctionne super bien en démo avec une chaussette aura du mal à soulever le beau château Lego qui traîne dans la chambre d’enfant, ou même à récupérer toutes les petites pièces éparses, mais avouez-le, ce bras fait doucement sortir le Z70 de la catégorie robot aspirateur pour quelque chose de plus versatile…
Pour moi, ce Saros Z70 a tout du concept CES : pas de prix affiché, une technologie sans doute pas complètement au point… Mais connaissant Roborock, une version complètement fonctionnelle et abordable ne mettra pas longtemps à débarquer dans les boutiques. Et ce robot signe l’arrivée des bras robotiques dans nos intérieurs. On est encore loin du concept de bras qui cuisine pour vous de Moley (et encore heureux, laissons-les travailler tranquillement à sécuriser leur produit car un bras robot qui manipule mes couteaux de cuisine, je préfère qu’il le fasse sans une IA qui hallucine…)
Chez Switchbot, les petits concurrents, l’émancipation des robots est aussi en marche puisqu’ils ont eu l’idée d’ajouter une sorte de table à roulettes appelée FusionPlatform à leur dernier robot aspirateur (le K20+ Pro). Un accessoire qui permet de déplacer des petits objets jusqu’à 8kg comme une caméra ou un purificateur d’air, un ventilateur ou un support de tablette, qui profiteront des 2 ports USB disponibles pour s’alimenter. Mais les exemples présentent aussi un panier à linge ou un plateau repas ! Un petit accessoire qui serait parfait avec un petit bras en plus, non ?
Tout cela est un premier pas vers une robotique du quotidien de plus en plus capable. Une base mobile (sans forcément une fonction aspirateur, ça permettra aux constructeurs de vendre plus…), un bras un peu costaud, et hop, on peut imaginer un robot capable de charger et vider un lave linge et de suspendre les habits, par exemple. Les possibilités sont immenses, et le besoin réel, puisque outre le niveau global de fainéantise qui semble plutôt à la hausse, ce genre de robots pourra grandement contribuer à repousser l’autonomie des seniors à domicile, bien avant que les robots humanoïdes soient réellement fonctionnels.