La nouvelle vie du baladeur

S’il est maintenant acquis que le vinyle n’est pas revenu des morts pour une réapparition passagère, on pouvait comprendre son attrait, avec sa grande pochette permettant aux graphistes d’exprimer tous leurs talents, et son poids assez conséquent pour donner une matérialité à la musique, à l’heure où n’importe quel titre est disponible instantanément sur une plateforme.

We are Rewind baladeur cassette
On avait pourtant un peu de mal à comprendre l’attrait d’un média qu’il faut constamment nettoyer, qu’il faut aller retourner toutes les 20 minutes d’écoute et qui n’a clairement rien de qualitatif au niveau de l’écoute avec tous ses craquements et distorsion… Mais bon, il faut bien admettre que le vinyle a son charme.
Par contre, y a-t-il un charme à cet autre média que l’on croyait enterré définitivement, à savoir la cassette audio ? Là encore, entre la qualité de son très moyenne, l’écoute limitée à 1h30 sans interruption si on bénéficie de la technologie Autoreverse (la classe absolue sur un baladeur au début des années 90) et la place prise par ce média complètement obsolète devraient suffire à l’oublier avec d’autres technologies désormais complètement dépassées. Et cette fois-ci, il n’y a pas le côté sensuel du média à caresser, à brosser, dans un format qui suscite le respect. Non, la cassette ne permet de placer qu’un tout petit graphisme rectangulaire sur sa pochette et le bruit que fait tout ce plastique quand on le saisit n’a rien d’agréable. Certains groupes comme Radiohead n’ont jamais abandonné ce média, mais sa meilleure cote sur discogs ne monte jamais au niveau de celle des vinyles les plus rares.
Alors pourquoi le baladeur cassette essaie de survivre ? Cette fois-ci, le média n’a rien à voir, c’est le lecteur qui compte : ces gros blocs carrés avec des touches à la course énorme ravivent les souvenirs des anciens et passionnent les plus jeunes, habitués au tactile ou aux touches qu’il suffit d’effleurer.
Baladeur Player5 Renault We are rewind
L’exemple le plus frappant est le baladeur de We Are Rewind, jeune pousse française qui espère relancer la cassette. Même si leur baladeur ressemble à un ancêtre, il est doté d’une batterie lithium pour une autonomie digne de ce nom, d’une prse de recharge USB-C, et aussi du bluetooth, parce que beaucoup d’enceintes et de casques ne fonctionnent désormais qu’avec ce format! Ils n’ont heureusement pas oublié de placer un bouton REC pour faire ses propres mixtapes, comme à l’époque. Si vous craquez, sachez que tout est en rupture sur le site de We Are Rewind (alors quon parle quand même d’un gadget inutile vendu 150€) mais qu’il en reste chez quelques boutiques spécialisées dans l’audio, ou encore l’édition spéciale « Player5 » dédiée à la Super 5 sur la boutique de Renault (pour 190€!).
Teenage Engineering TP-7
Mais puisque le média n’a rien d’intéressant, pourquoi ne pas faire revivre l’esprit baladeur avec une technologie moderne ? C’est l’idée du TP-7 de Teenage Engineering (que l’on a déjà croisé ici ou pour leurs collaborations avec IKEA, un enregistreur portable au look furieusement rétro. Un simple dictaphone pour 1500€ ? Non, un enregistreur plutôt orienté pro avec ses 3 entrées micro en plus de son micro intégré, et doté d’une application iOS épurée qui transcrit les paroles en texte en temps réel. Ca reste beaucoup trop cher pour ce que c’est ? Oui, mais c’est sans compter sur les grosses touches dignes d’un baladeur des années 80, son VU-mètre à LED terriblement rétrofuturiste, sa compacité record permise par l’absence de média obsolète, sa face arrière recouverte de cuir orange, mais surtout ce grand disque motorisé qui tourne lors d’un enregistrement ou de la lecture, et permet alors de naviguer dans ses enregistrements comme si l’on manipulait un vinyle… Avouez-le, c’est hors de prix et inutile, mais ça donne envie! La preuve qu’apporter de la matérialité au numérique nous titille…
Teenage Engineering

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