[CES 2013] L’automesure au centre de nombreux produits, bons ou stupides


On connaissait les bracelets Jawbone Up (le premier du genre) et Nike Fuelband, le Fitbit One à mettre dans sa poche les a suivi… Et des appareils plus spécifiques comme le Tinké qu’on a aperçu à l’IFA ne devraient pas tarder à apparaître. Le marché des produits capables de mesurer votre activité, ainsi que certains paramètres corporels ne fait que balbutier, il devrait à terme devenir conséquent, la soif de connaître son corps augmentant à mesure que l’on délaisse notre mode de vie animal.
Pour le CES, beaucoup de marques font de nouvelles annonces sur ce marché, comme le bracelet Fitbit Flex, ou encore des nouveaux venus comme LG et son Smart Activity Tracker, mais aussi deux produits français, l’un un peu déjà vu, mais avec une formule gagnante, l’autre plus original, mais qui a toutes les chances de sombrer dans l’oubli, la faute à quelques erreurs maladroites. On vous les présente et on vous donne même les pronostics de ceux qui ont des chances de réussir, et ceux qui font trop d’erreur.


Withings a été l’un des premiers à lancer la mode des objets connectés pour s’automesurer avec par exemple une balance, un tensiomètre ou un pèse bébé, mais ils se sont fait griller la politesse pour ce qui est du suivi d’activité. Heureusement (pour eux), leur Smart activity tracker, arrive, un dispositif très proche de FitBit (un tout petit gadget à glisser dans une poche plutôt qu’un bracelet). La préférence pour un bracelet ou un gadget à glisser dans la poche est vraiment personnelle, je suis personnellement partagé entre le côté fun du bracelet servant de montre à LED façon Nike et le « porte clé » façon FitBit qui permet un suivi discret, tout en portant une belle montre et une chemise…
Côté fonctionnalités, ce minuscule monolithe noir (4cm de long pour 8 grammes) dispose d’un écran OLED assez complet, et devrait permettre de faire tout ce que fait un FitBit One, c’est à dire suivre votre activité physique, mais aussi vos phases de sommeil, avec en plus la possibilité de connaître votre rythme cardiaque. Autant dire que ce gadget a de grandes chances de cartonner, surtout chez ceux qui utilisent déjà l’application Withings avec une balance…

On passe rapidement sur le bracelet de LG (ci-dessus face à son jumeau le Nike Fuelband – crédit photo : The Verge) : très similaire au Fuelband de Nike, entre son aspect doux au toucher et son affichage à LED blanches, on pourrait croire à une simple copie. Techniquement, c’est une évolution : un altimètre permet de suivre un peu plus précisément l’activité (si effectivement les dénivelés de vos courses sont pris en compte c’est une évolution intéressante par rapport aux produits qui annoncent la même dépense physique à plat ou en côte), et le bouton est remplacé par un écran tactile qu’il suffit de glisser pour changer d’affichage. En résumé, c’est comme un Fuelband, peut-être un peu mieux, mais il sera très difficile pour LG, marque de sportifs de canapé, de s’imposer face à des marques plus légitimes dans la santé et le sport comme Withings et Nike.

Chez FitBit, le Bracelet Flex (en tête d’article et ci-dessus) reprend toutes les bonnes idées du « porte clé » One sous la forme d’un bracelet (en fait la partie contenant l’électronique peut se dissocier du bracelet) disponible en plusieurs coloris : mesure le nombre de pas, la distance parcourue, les calories brulées et les temps d’activité.
Suivi du sommeil: mesure la qualité du sommeil, et utilise une alarme silencieuse qui vibre pour un réveil en douceur.
Pour les geeks, il est compatible Bluetooth 4.0, dispose d’une application pour tablette Microsoft Surface et même d’une configuration automatique sans contact par NFC avec les appareils compatibles.
On lui reprochera deux défauts assez pénalisants : d’abord une forme un peu trop carrée, FitBit n’ayant pas eu comme Nike les moyens de concevoir une batterie courbe, la partie contenant l’électronique est rectiligne… Mais surtout, « l’écran » est un peu trop simpliste, constitué de seulement 5 LED correspondant chacune à 20% d’atteinte de l’objectif que vous vous êtes fixé pour la journée, il ne permet pas de « jouer » comme ses concurrents, ni de faire office de montre sportive. Dommage, ce dernier point risque de fortement le handicaper dans les rayons.

Enfin, finissons par la déception française du lot : une start-up qui possède un indéniable savoir faire technologique pour proposer des produits innovants, mais aucun sens du marketing… Un problème assez courant en France.
On commence par le nom des produits (et de la société) : le bracelet Hapi Watch, le « porte clés » Hapi Track et la fourchette Hapi Fork. Tout ça imaginé par Hapilabs (oui, c’est le nom de la société). Des noms pareils, c’est limite une insulte, ça fait penser à un jouet pour bébé, pas à un gadget pour adulte (ou ado). Prendre les clients pour des attardés, premier problème… Mais passons, vous ne serez peut-être pas d’accord avec moi…
Second problème : le look des objets. Pourquoi aller encore plus dans le côté régressif stupide en collant un sourire bête au bracelet et au trackeur? Non mais sans blague, Hapilabs vise les grandes personnes? Entre le nom et le look, tout fait croire qu’ils veulent concurrencer Smoby plutôt que Nike…

Heureusement, et comme je le disais en ouverture, il y a de la compétence technique chez Hapilabs puisque leur bracelet sera le premier de ces gadgets (puisqu’il devrait sortir avant le Withings) à proposer la mesure des battements cardiaques en plus de suivre votre activité et votre sommeil. C’est donc le bracelet le plus complet, il est français, et il ne donne pas envie d’être acheté, la faute à un positionnement totalement stupide. Si Hapilabs pouvais revoir le style et le nom de l’engin, ils auraient une chance, mais en l’état, c’est triste, ils se tirent une balle dans le pied.
Le trackeur (ci-dessus), lui, n’a aucun intérêt face à la concurrence : il suit votre activité, a un look de jouet pour enfant et dispose d’un écran LCD monochrome à l’ancienne qui fait bien désuet par rapport aux affichages concurrents. Le service marketing en culotte courte de la marque a simplement décidé qu’on pourrait cliquer sur le bouton de l’engin pour signaler un « Hapimoment », un moment de bonheur dans la journée… Je reste poli et je vous avouerai que ça ne constitue pas un avantage concurrentiel énorme.

Enfin, parlons de la plus mauvaise idée de Hapilabs : la fourchette connectée Hapi Fork (ci-dessus). Sur le principe, ils ont au moins réussi un coup, leur petit service marketing, entre deux poses biberon : l’engin a créé pas mal de buzz, et c’est finalement grâce à lui que Hapilabs se retrouve dans cet article. Donc bien joué Hapilabs, on parle de vous, et si vous changez de designer et de nom, on serait presque prêts à vous acheter votre bracelet…
Mais revenons-en au produit, la fourchette qui suit votre repas, et qui vibre ou clignote si vous vous goinfrez (coups de fourchette trop rapides, trop fréquents, repas trop court…). Notons qu’elle ne sera disponible qu’en synchronisation par câble au second trimestre (il faudra attendre le troisième trimestre pour la version Bluetooth, mais elle n’intéressera personne)
Pourquoi tant de haine? Tout simplement parce que l’idée est bonne, mais que l’exécution est nulle. Déjà, qui osera sortir cette horrible fourchette pour enfant? Même seul chez soi, on a plutôt tendance à vouloir utiliser ses couverts Georg Jensen que cette horreur, alors avec de la compagnie, voire ailleurs (rien ne vous interdit d’aller manger au bureau avec ça, à part votre amour propre)? Non, non, et re-non, l’automesure , si ça se fait avec des objets qui vous prennent pour un vrai handicapé et vous font passer comme tel, ça ne passe pas. « Alors, tu n’utilises plus ta fourchette anti-obésité? ». De quoi stigmatiser plutôt qu’aider.
Un vulgaire « mode repas » sur un bracelet d’activité aurait suffit à mesurer de façon discrète les coups de fourchette, à parvenir au même résultat sans honte pour l’utilisateur qui reste discret (et se fait plaisir en mangeant avec son argenterie). Si vous avez utilisé un Fuelband, vous aurez remarqué que le bracelet ajoute des « pas » lors de vos coups de fourchette…

3 commentaires

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[…] A quoi ça sert ? Il y a des usages vraiment utiles d’un tel capteur : comme un bracelet June, vous pourrez savoir si le niveau d’UV est un peu trop fort pour vous balader sans protection solaire… Ou comme une station Netatmo, vous saurez s’il faut ouvrir la fenêtre pour aérer la pièce dans laquelle vous êtes. Et puis bon, un thermomètre, c’est toujours utile, non? Pourquoi en fait-il trop ? Comme Netatmo, toutes les données collectées par les TZOA seront disponibles sur une carte mondiale. Sauf que contrairement à Netatmo, il sera quasiment impossible de tirer une quelconque information crédible de cette carte, polluée par tous les capteurs se trouvant dans des conditions non représentatives : alors que pour une station météo, on arrive assez facilement à trouver un coin d’ombre éloigné d’une source de chaleur pour avoir une idée de la vraie température, pour le capteur TZOA, sensé être porté en mobilité ou sur le corps, à quoi sert une carte où les capteurs à l’intérieur et à l’extérieur se mélangent, où les personnes coincées dans un bouchon en plein tunnel côtoient directement les piétons sur le parc en surface… Vous l’aurez compris, je ne crois pas du tout à l’aspect collaboratif des données qui pourront sortir de ce gadget. Mais il y a plus compliqué : l’aspect vie sociale. Alors que le capteur de qualité de l’air fait sens à la maison, à quoi peut-il bien servir dans un objet à porter sur soi, à part d’inutilement se stresser? Vous êtes bloqué parmi les Diesels dans un tunnel : vous recevez une notification vous signifiant que l’air est irrespirable. Super: vous restez coincé. Vous faites une grosse teuf un soir d’hiver chez des amis, et hop, une notification pour vous dire que le niveau de CO2 de l’air que vous respirez devient dangereux… Vous évitez de casser l’ambiance et d’ouvrir la fenêtre, et prenez sur vous ce problème existentiel… On est déjà harcelés par une foule d’informations et d’alertes stressantes, pourquoi payer pour en ajouter, dans des postures où on ne pourra pas agir pour trouver une solution ? Ce qu’il faudrait faire A vouloir tout « tracker », on en vient à imaginer des « enviro tracker » (c’est comme ça que se présente TZOA). Mais ce qui est valable pour la conception de tous les objets à succès doit rester valable pour les objets connectés : ils doivent répondre à un vrai besoin, exprimé ou pas. Ajouter des alertes et notifications parmi la masse conséquente de celles qu’on reçoit déjà est pire que vain, c’est nuisible à notre tranquilité d’esprit. Ce n’est pas parce que les nouveaux capteurs permettent des choses qu’elles sont forcément utiles. Les capteurs du TZOA font sens dans un élément de station météo stationnaire pour surveiller la qualité de l’air et de la lumière de son domicile, mais je cherche encore l’intérêt de porter ces capteurs sur soi. A ranger avec la brosse à dents connectée et la fourchette connectée. […]

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