2024 a beau avoir été une année marquée par une foule de lancement de montres, il faut bien avouer que ça fait un moment que les maisons horlogères affichent une certaine frilosité et ne proposent presque plus que du vintage. Réédition par ci, réinterprétation par là, pas grand monde n’ose jouer sur une autre partition que celle des classiques de l’horlogerie, frilosité ambiante oblige.
Mais dans ce paysage tourné vers le passé, quelques marques tentent de proposer leur version de la modernité, et ALTO avait frappé très fort avec son premier modèle, la ART 01.
ALTO, c’est d’abord une sorte de dream team : Thibaud Guittard, un ancien du Marketing et de la communication de la maison Audemars Piguet, imagine lancer sa montre. PAssionné de concept cars des années 70, du cinéma de Christopher Nolan et d’art contemporain. Il se rapproche, moodboards en main, de Raphaël Abeillon, designer formé à l’automobile mais qui sera finalement le père de plusieurs best sellers horlogers de la maison Cartier. Un directeur artistique, Matthieu César, auteur, réalisateur et photographe, s’occupe de donner un sens créatif profond à ALTO. Enfin, Yorgo Tloupas, l’un des meilleurs designers graphiques actuels (ci ce n’est LE meilleur), a créé l’identité visuelle de la marque.
Une marque, un look ambitieux, un univers créatif… Il manquait encore la technique, et c’est le Cercle des Horlogers, manufacture d’excellence de la Chaud de Fonds, qui s’est chargée de concevoir un mouvement unique à micro rotor pour que l’ART 01 ait un cœur à la mesure de son style.
J’ai eu l’occasion de prendre en main en avant première les nouvelles Monochrome il y a quelques semaines, et pour tout vous dire, ces montres ont quelque chose d’hypnotique.
Avec son cadran en relief et les galbes de son boîtier rappelant les plus beaux concepts cars de Bertone ou de Gandini (il y a quelque chose des ailettes d’une Stratos Sub Zéro, voire d’une Lamborghini Miura dans ces lignes franches et ces galbes), l’ART 01 fascinait déjà. Aujourd’hui, ALTO joue l’épure avec eux versions monochromes, l’une toute noire (boîtier en titane grade 5 traité DLC, au rendu satiné), l’autre full titane grade 5 naturel microbillé (mon coup de cœur). L’absence de contraste entre le boîtier et le cadran sublime les formes de la montre et magnifie sa glace en saphir galbée, biseautée, et hémisphérique à l’intérieur (pour laisser la place aux aiguilles). Un morceau de bravoure verrier jamais tenté par une autre maison, sûrement l’un des verres saphir les plus complexes de la production horlogère actuelle.
Mais l’ART 01 est une oeuvre complète, et c’est en retournant la montre qu’on peut découvrir, derrière un autre verre saphir biseauté, un mouvement en parfaite adéquation avec le style de la montre monochrome, noir ou titane selon votre choix. Il prend ses aises et profite des dimensions généreuses du boîtier (45mm) pour exhiber ses ponts rectilignes, ses rouages et sa masse oscillante déportée.
Et puisque Thibaud Guittard est un fan de Christopher Nolan, il en a profité pour glisser une petite subtilité à toutes les ART 01 : la trotteuse est inversée. Un détail qui n’a l’air de rien mais attire encore plus le regard vers cet ovni horloger.
Souvent, les montres arty m’attirent, mais au moment de choisir un garde temps, elles sont en général éliminées rapidement pour leur lisibilité. ALTO ne tombe pas dans ce piège et a pensé à deux choses importantes : des aiguilles parées de superluminova, et un chemin de fer en relief habilement dissimulé entre les premières et secondes « ailettes » du cadran.

Au poignet, les ART 01 sont très confortables grâce à leur bracelet en caoutchouc très fin et leur masse faible (56g), tandis que l’absence de cornes leur permet de ne pas paraître trop grosses sur mon poignet d’une taille moyenne.
Il y a l’art, et il y a le marché de l’art… Les ART 01 Édition Monochrome ne s’adressent qu’aux collectionneurs passionnés, avec un tarif qui dépasse alègrement les 20 000€… Mais l’art est aussi un investissement…
