Lancia Ypsilon, Renault 5, deux relances, deux visions opposées

Si la Lancia n’est qu’un vague souvenir dans notre pays, la marque au riche passé n’est jamais vraiment morte, puisque les clients italiens ont toujours pu acheter l’antique Ypsilon, un modèle inchangé depuis… 2011. Désormais dans le giron de Stellantis, la belle endormie tente de revivre, mais d’une bien drôle de manière. A l’opposé, Renault va de mieux en mieux, mais compte sur le passé pour aller encore mieux. Comparaison…


Si Carlos Tavares avait promis de raviver la flamme de Lancia, il le fait d’une façon plutôt étrange. Il y a bien eu un concept très futuriste, le Pu+Ra HPE, trop futuriste pour devenir un produit de série, et il y a maintenant… La nouvelle Ypsilon. Comme précisé en introduction, l’Ypsilon est un peu le modèle qui a enterré Lancia, pas parce qu’elle ne se vendait pas, mais simplement parce que c’était la dernière voiture au catalogue. Et garder le nom Ypsilon est étrange puisque cette citadine n’a rien de mythique (pour ça il y a la Stratos) : autant faire du neuf sous un nouveau nom qu’un nom peu glorieux, non?
Lancia Ypsilon 2024 Edizione Limitata Cassina
Parlons de l’objet : si la calandre à trois branches rappelle bien le concept Pu+Ra, et le becquet et ses feux ronds la mythique Stratos, le profil de cette nouvelle Ypsilon ne peut pas cacher la base de Peugeot 208 qui a servi à cette déclinaison.
Lancia Yspilon 2024 Edizione Limitata Cassina
C’est dommage qu’on reconnaisse la parenté des modèles à leur profil, d’autant plus que l’Opel Corsa est déjà une jumelle de la 208 (Stellantis ayant bien mieux réussi à dissimuler les liens sur d’autres segments, par exemple celui du Peugeot 2008, Opel Mokka, Jeep Avenger ou DS3 Crossback, mais il y a plus de marge à faire sur ces segments, donc il est plus facile de créer des pièces de carrosserie spécifiques), mais ça devient un peu compliqué à justifier quand la Lancia se veut « premium » avec un prix largement rehaussé, pour des prestations techniques qui n’évoluent pas.
Lancia Ypsilon 2024 Edizione Limitata Cassina
Alors certes, l’intérieur de la Lancia est très original, sans doute l’un des plus « premiums » de la catégorie, et sans doute aucun la seule voiture au monde dotée d’une table basse intégrée (oui, le « Tavolino » qui émerge sous la planche de bord au niveau de la console centrale est censée évoquer une table basse dans un univers qui rappelle le confort d’un salon), mais il y a un gros souci, car à 40.000€ la Peugeot e208 rebadgée (en édition limitée Cassina dotée de superbes sièges en velours), vous aurez peut-être envie d’une plateforme un peu plus moderne, avec une batterie un peu plus grosse que 50kWh ou qui peut dépasser les 100kW en vitesse de charge… Comme beaucoup d’électriques de ce prix, certes plus grandes! Difficile de justifier des prix premium sur le segment B à l’heure de la guerre des prix sur les véhicules électriques du segment supérieur.

Mais au final, est-ce que ce positionnement est complètement à côté de la plaque? Pas complètement si on regarde l’histoire : Stellantis, ou plutôt PSA à l’époque, est finalement assez coutumier de ce genre de lancement de marque en mode attaque des clones, puisque la toute première DS 3 est sortie en 2009 sur la base d’une C3, avec des optiques avant identiques et un intérieur sans grande spécificité (en fait la DS3 était développée en interne pour devenir la C3 Coupé, avant que le marketing ne décide de la badger DS). Et comme la voiture n’avait pas grand chose des DS historiques, la campagne de pub de lancement clamait haut et fort « anti rétro ». Résultat : la DS3 s’est vendue au delà des espérances !
Mais à l’époque, il n’y avait pas déjà une Opel dans le même style et la 208 jouait clairement la différence… Et s’il y avait déjà beaucoup d’offres sur le segment B, il n’y en avait pas autant qu’aujourd’hui, avec une concurrente française qui risque de faire mal, même si elle n’a rien de premium : la nouvelle Renault 5 (ou plus tard sa version premium, l’Alpine A290, si vous voulez vraiment dépenser 40 000€ ou plus dans une petite voiture).
Renault 5 etech
Autre groupe, autre formule qui ne change pas : c’est chez Fiat (Désormais propriété de Stellantis avec Lancia…) que le patron de Renault, Lucas de Meo a réussi à sauver la marque en jouant à fond la carte du néo rétro pour la nouvelle 500 en 2007. Résultat ? Un énorme carton, il suffit de compter les Fiat 500 dans la rue aujourd’hui. Pas étonnant alors que le concept de Renault 5 ait été un des fers de lance de la « Renaulution ». La version de série, tout juste dévoilée, est extrêmement proche. Ici, on sent à 100% les codes de la nostalgie (ligne néo rétro, petits clins d’œil historiques).
Si la Renault 5 n’a jamais eu le sex appeal de la Fiat 500, son contenu technologique et son positionnement prix raisonnable renforceront encore l’attrait d’une voiture qui semble déjà ravir tous ceux qui l’ont vu.
Renault 5 etech

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