[CES 21] Le rouge à lèvres connecté Yves Saint Laurent, ou la machine de maquillage à dosettes

Ce qu’il y a de bien avec le CES, c’est que chaque année, on y découvre au moins une nouvelle proposition de machine à dosettes complètement inutile. 2021 ne déçoit pas puisqu’après le parfum et la bière, c’est plutôt logiquement qu’on passe au maquillage. Mais la grosse différence cette année, c’est qu’on ne parle pas d’une startup mais de L’Oréal avec sa marque Yves Saint Laurent, et que ça pourrait même marcher…

Les dosettes, c’est une façon de vous contraindre à acheter très cher un produit en petite quantité dans un écosystème propriétaire. Le secteur du maquillage se permet déjà de faire payer très cher de toutes petites quantités, alors le monde avait-t-il vraiment besoin d’un rouge à lèvres personnalisante connecté ?
La réponse de L’Oréal est un grand OUI si l’on regarde les prix de l’engin : 300$ pour la machine et 100$ pour les recharges. Une tarification à en rendre jalouse Hermès qui a attendu 2020 pour lancer des bâtons de rouge à lèvre à presque 70€. Là, on change clairement de catégorie.

Le produit, présenté sous la forme du prototype « Perso » de L’Oréal au CES de l’année dernière, est désormais prêt à la commercialisation et les précommandes sont ouvertes, sous son nouveau nom à rallonge : Yves Saint Laurent Beauté Rouge Sur Mesure Powered by Perso…

Mais qu’est-ce qu’on a pour 300$ ? Il s’agit d’un appareil qui mélange les contenus de trois dosettes de rouge à lèvre, pardon, de l’encre à lèvres Yves Saint Laurent en finition mate selon les quantités nécessaires pour correspondre à la couleur choisie sur votre smartphone (n’oubliez pas de désactiver le mode nightshift qui diminue la lumière bleue avant de choisir, ce serait dommage de se tromper de mélange à ce prix!). Si vous précommandez, vous pourrez obtenir deux sets de dosettes des familles rouge, nude, orange, ou fuchsia. Car oui, on ne parle pas de mélanger des couleurs primaires qui pourraient permettre d’obtenir des teintes infinies, mais simplement de variations sur le même thème, et attention, les dosettes étant identifiées par RFID, impossible de mélanger des capsules de deux familles différentes pour libérer votre créativité, si vous le faites l’engin refusera de fonctionner.

Du côté de l’application, c’est très malin car outre une classique roue de couleurs ou un sélecteur de couleur permettant de choisir une teinte directement sur une photo (façon pipette Photoshop), il est possible d’obtenir la couleur parfaite en prenant une photo de sa tenue du jour, ainsi un choix de 3 coloris adaptés sont proposés grâce à un soupçon d’intelligence artificielle. Et pour faire monter la mayonnaise, L’Oréal n’a pas oublié l’indispensable volet social : l’application présente les créations des autres utilisateurs et les « tendances en temps réel » d’experts Yves Saint Laurent et d’autres utilisateurs.

Au final, c’est hors de prix, c’est très limité (on n’en est pas au maquillage du film Le 5ème Element), mais ça pourrait (hélas) marcher : le prix n’est pas un souci avec le logo d’une marque de luxe sur l’emballage (les écouteurs bluetooth Vuitton sont à plus de 1000€ et l’Apple Watch Hermès à presque 1500€, par exemple), et la cliente (ou le client, restons ouverts) de marques équivalentes peut y voir un côté économique : au lieu de s’acheter plein de teintes finalement très proches qui finissent souvent par sécher au fond d’un tiroir, elle s’achète un seul kit qui lui permet de varier sans se lasser et remplace les cartouches vides au rythme de leur utilisation, tout cela en s’enfermant dans une marque (ou plutôt un groupe, j’imagine que le système pourra se décliner à d’autres marques L’Oréal à l’avenir) et en ayant un appareil de plus à charger (pas forcément dans le sac à main vu la taille de l’engin). C’est beau le progrès.
Livraison des précommandes pour les béta testeurs (uniquement aux Etats-Unis pour le moment) au printemps et ouverture des ventes globales en septembre.