[Milan design Week] Le design sous le signe de la responsabilité et de la main de l’homme

Milan design Week 2019 mdw19 Belgium is design
Pour clore ma petite sélection (assez technologique finalement, mais on ne se refait pas), une petite note générale sur cette édition 2019.
Mecque du design, pèlerinage obligatoire pour des milliers de professionnels (ou amateurs) du monde entier chaque début d’avril, la design week de Milan c’est un monde à
part, une ville qui respire design et où des portes habituellement fermées s’ouvrent sur des scénographies inspirées et inspirantes. Plongez avec nous dans le fuorisalone, le off de la design week.

Si je n’étais pas au Salone del Mobile proprement dit, le salon du meuble qui se tient dans l’impressionnant parc des expositions de Rho, sorte de Villepinte
en encore plus immense, j’ai pu flairer les tendances dans le off, ou fuorisalone pour les italophones. Séparé en deux pôles d’attraction, Tortona à l’Ouest où se trouve majoritairement la jeune création émergente (et la majorité des constructeurs automobiles) et Brera au Nord où les marques les plus puissantes font la course à la scénographie qui créera le buzz.
Milan design Week 2019 mdw19


 Un salon dans la ville, des scénographies à Palazzo ouvert… Un parc d’attraction pour amateurs de design et d’architecture.
Et la tendance à mes yeux, c’est que le monde du design fuit l’aspect consumériste, les objets de masse, pour de la qualité (souvent coûteuse) synonyme de responsabilité environnementale, et souvent de travail artisanal à la main. Fini le meuble que l’on jette à chaque déménagement ou à chaque envie de refaire sa déco, symbole d’une époque révolue. Le meuble ou l’objet se façonnent désormais en petite série ou sur commande, avec des matériaux qui durent. Mes chouchous pour représenter cette tendance, c’est le studio Ukrainiens de Ryntovt Design : leurs meubles en bois sont des pures merveilles d’élégance, entièrement massif jusqu’au fond des tiroirs, doux au toucher pour allier le beau au sensuel. Leur gamme en noyer parcourue d’une « branche » qui coupe le meuble pour rappeler l’arbre derrière le bois est somptueuse, en plus d’être complètement abordable : les prix de ces meubles massifs se comparent au meubles en placage des marques italienne. Un éditeur à suivre, éclectique, qui propose par exemple aussi les meubles en tubes métalliques d’Eugene Pucklich, qui offrent par endroits un visuelhypnotique. La nature et l’écologie en première ligne, c’était visible presque partout : l’exposition « Belgium is design » était tout simplement intitulée « Generous Nature ».


Partout ou presque l’accent était mis sur le détail manuel, le procédé de fabrication unique… Des choses qui donnent de l’âme et du sens aux objets. La
palme de la présentation la plus marquante était pour moi chez Union Corporation, une fonderie japonaise spécialiste des poignées de porte. Après une grande salle d’exposition plongée dans la pénombre qui exposait les produits et les matières, on entrait dans un espace où des employés de la manufacture (et des hôtesses formées pour l’occasion) produisaient sur place des éléments en étain dans des moules en terre, une technique ancestrale où le moule doit être refait après chaque coulée puisqu’il est détruit pour dégager la pièce métallique coulée. Une sublime démonstration de la présence de la main de l’homme derrière certains produits qu’on remarque peu.
Milan design Week 2019 mdw19

Milan, ce sont aussi des écoles de design qui exposent. Et on sent que l’impact écologique est au centre des préocupations de cette nouvelle génération de designers. Les étudiants se concentrent sur l’impact de l’objet sur la planète : impossible de passer à côté de ce fil conducteur entre créations : l’objet se doit d’être en matériau géré durablement, voire en matière recyclée, et beaucoup de projets se concentrent sur la réparabilité des produits, à une époque où les objets ont atteint des summums de compacité qui s’accompagnent d’une impossibilité de réparation. Sèche-cheveux démontable, modulable et réparable, fer à repasser qui ne se démode pas et qui se répare, c’est souvent les dérives des fabricants d’électroménager qui sont pointé du doigt par cette jeune génération de designers.

Le fer à repasser « still running » de Marta Sternberg au Royal College of Art
[diisign.com a été invité à Milan pour la design week avec la complicité de Lexus, cet article fait partie d’une série librement rédigée sans aucune influence de la marque]

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