Dans la gamme des berlines Mercedes, la classe E est positionnée de manière centrale entre la classe C, condensé de technologie et du style à l’étoile et la Classe S vaisseau amiral qui guide la marque sur la voie du luxe depuis maintenant plus de 60 ans.
La classe E est le maître étalon au niveau des nouvelles technologies et avec un style toujours un peu plus distinctif que le reste de la gamme.
Cette dixième génération, n’échappe pas à la règle et son test dynamique va nous en dire un peu plus sur ses véritables qualités.
Design extérieur
Pour cette dernière génération, la classe E pose une nouvelle fois les bases de ce qu’on attend d’une berline haut de gamme. Les proportions sont tout simplement parfaites, à mon avis la S assume ses mensurations de limousine, la C plus compacte tente avec brio de tendre ses lignes sur des dimensions qui se doivent de rester contenues mais on ressent sous certains angles ce côté trapu… et je ne parle de la classe A tricorps qui pour moi est une déclinaison parfois maladroite de la version compacte très réussie.
Ici les lignes accompagnent des dimensions équilibrées, en hausse par rapport à l’ancienne génération. Le capot est interminable et laisse envisager le meilleur : le v8 de la version 63 AMG. La ligne de caisse en relief parcourt tout le flanc et souligne avec raffinement le dynamisme de la berline. Les roues sont splendides, surtout le modèle multi branches en 20 pouces qui suggère une tenue de route impériale.
La face avant est inédite même si elle reprend les codes iconiques de la marque à l’étoile. Comme sur les autres berlines du groupe vous pouvez choisir vote calandre et le nombre de lamelle qui la composent. Personnellement je fonds pour la double lamelle supportant l’étoile légèrement hypertrophiée. L’autre calandre à trois lamelles renvoie l’étoile sur le capot, à l’ancienne… Le bouclier de la version sportline est très impressionnant avec de larges ouvertures latérales permettant de gaver d’air le moteur. Les autres boucliers de la gamme, moins agressifs, proposent une ligne plus statutaire qui convient bien à cette muse de la route et mettent en évidence une lame proche du bitume, semblable à celle des Classe C.
Les projecteurs sont très compacts et de leurs dimensions nait tout le caractère de cette nouvelle Classe E. En effet Mercedes semble renouer avec certaines icônes de la marque des années 80 qui laissaient la part belle à la calandre à l’étoile en rejetant aux extrémités les feux. Ce nouveau caractère trempé mêle tradition et modernité et les projecteurs full Led arborent deux rails lumineux l’un pour la signature diurne, l’autre pour les clignotants.
La poupe est plus réussie que celles de ses sœurs C et S mais la malle reste à mon goût trop imposante. Des feux transversaux auraient pu casser cette masse et je regrette que la forme boomerang de ceux de la GT n’ait pas été reprise. Le diffuseur reste discret dans les versions classiques mais devient beaucoup plus méchant en version sportline et rétablit beaucoup plus harmonieusement la ligne.
Design intérieur
Côté intérieur, nous pourrions rédiger un article complet sur ce seul volet. Ça tombe bien c’est ce que nous avons fait ! Marc avait détaillé chaque élément de ce salon roulant dans un article précédent.
La finition carbone / alu brossé de notre modèle d’essai est très avenante. Attention tout de même aux poussières sur la console centrale qui deviennent vite énervantes.
Les différentes commandes et boutons sont très qualitatifs et le plastique semble complètement absent de l’habitacle.
A ce niveau et si vous êtes exigent les options de personnalisations sont quasi infinies. Ciel de toit en alcantara, cuir étendu… La seule limite sera votre compte en banque.
Équipements
La liste est longue, très longue et je pourrai passer de longues minutes à tout énumérer : pour tout vous dire, le dossier de presse fait 50 pages !
Ainsi en plus de l’avalanche de systèmes de sécurité, l’arrivée massive d’aides à la conduite constitue l’énorme nouveauté de la dernière génération de Classe E ! Même si Tesla a coiffé tout le monde au poteau il y a quelque mois avec une mise à jour du calculateur 7.0 qui proposait la fameuse conduite autonome, Mercedes annonce des innovations en la matière à commencer par le park pilot.
Ce système permet en effet de garer sa Mercedes dans des places de stationnement ou plus vraisemblablement dans votre garage, car après une petite démonstration (cf vidéo) je ne me vois pas sortir de ma voiture à Paris et piloter la manœuvre à partir de mon smartphone sous les encouragements d’une foule en délire….
D’autre part, vu que les futurs Clients ne doivent pas vraiment avoir de garages exigus… cette fonction me semble encore tenir du gadget. Par contre lorsque Mercedes proposera une fonction de recherche autonome de place de parking après que ma voiture m’ait déposé dans mon centre commercial, on touchera au graal.
Concernant les autres systèmes d’aide à la conduite sur route regroupés sous le nom Drive Pilot, Mercedes-Benz fait un pas de plus vers la conduite autonome. Le pilote automatique de régulation de distance DISTRONIC permet non seulement de respecter les distances de sécurité sur route et sur autoroute avec les véhicules qui précèdent, mais également, et c’est une première, de les suivre à la même vitesse jusqu’à 210 km/h. Nous nous sommes contentés de 130 km/h 😉 mais avec des yeux tout ronds car sans les mains, notre Classe E se débrouille toute seule, freine, accélère et vire de virage en virage! C’est bluffant et au final on s’y habitue très vite. Attention tout de même à l’excès de confiance, le système vous rappelle à la vigilance très souvent et vous comprenez très rapidement que vos mains doivent tout de même tenir le volant. Ça reste un grand pas vers l’autonomie totale mais nous n’y sommes pas encore.
Dans les bouchons, ce système est cette fois ci beaucoup plus « esprit libre » ou « mind off » (pour les technophiles) car la fonction Drive Pilot permet de freiner le véhicule complètement et de redémarrer automatiquement jusqu’à la vitesse sélectionnée tout en gérant des distances de sécurité très raisonnables lorsque vous circulez sur voies rapides, périphériques ou rocades (suivez mon regard les citadins…).
Si on rajoute la reconnaissance des panneaux de limitations de vitesse qui vous cale systématiquement à la bonne limitation ou encore l’assistant de changement de voie actif qui vous permet de rouler presque comme par magie sur la voie sélectionnée, la Classe E devient la berline la plus intelligente de son segment comme nous l’annonce Mercedes et je veux bien le croire.
Autre élément qui est peut-être un détail pour vous mais qui pour moi veut dire beaucoup (no comment) la visée tête haute se prive ici de lame translucide disgracieuse et projette directement les informations en couleur sur le pare-brise.
Vous en voulez encore ? Parlons rapidement de l’application de mirroring CarPlay d’Apple, qui équipe de série la dernière-née de Stuttgart et qui s’affiche sur un des deux écrans géant de 12 pouces équipant la Classe E. Côté rendu, on retrouve tout le soin apporté par les californiens en terme d’ergonomie, de finitions et d’interfaces. Mais, car il y a un mais, l’activation de CarPlay rend inopérantes certaines fonctionnalités de la Classe E et nuit parfois à l’ergonomie d’usage du véhicule. Et oui, nous sommes bien en présence d’une application générique proposée à l’ensemble des constructeurs et qui ne s’intègre pas si bien que ça à l’architecture « systèmes embarqués » de la Benz.
Je pourrais également vous parler du système audio Burmeister et de ses nombreux hauts parleur qui nous enthousiasmé avec une profondeur de basse digne des systèmes audiophiles de salon, mais vous savez déjà que cette nouvelle E a tout d’un salon roulant.
Comportement routier
Une classe E c’est à la fois le luxe et le confort d’une berline premium et la rigueur d’un comportement routier sans faille.
Si son poids et son gabarit la rendent moins agile que la petite sœur C qui m’avait enchantée, elle offre un niveau de confort et d’insonorisation qui la maintient au sommet de la hiérarchie automobile dans la catégorie berline évidemment (je ne parle pas des Rolls et autres limousines qui restent à des niveaux stratosphériques).
Le dessin et le maintien des sièges sont parfaits et le réglage de la longueur d’assise est toujours aussi appréciable pour les grands. Le cuir rembourré du volant enrobe une jante aux dimensions généreuses et on tient bien la berline entre ses mains. Il héberge également sur chaque branche deux mini-pavés tactiles qui pilotent les deux gigantesques écrans du tableau de bord.
Sur la route, les virages s’enchaînent avec sereinité et le véhicule s’inscrit parfaitement dans les courbes. L’ESP veille au grain et limite de manière transparente vos ardeurs. Il sait se montrer permissif en mode Sport+ et autorise de belles dérobades bien épaulées par un tout nouveau 4 cylindres diesel qui équipait notre modèle. Ce moteur affiche 195 ch et ne consomme théoriquement que 3,9l/km… En pratique comptez un peu moins de 7 litres en conduite de papa pressé !
L’effet tapis volant qui caractérise le touché de route Mercedes est bien entendu au rendez-vous grâce à la suspension pneumatique multichambre Air Body Control qui offre un confort et une dynamique exceptionnels.
Conclusion
À l’heure du bilan, la Classe E laisse une belle impression. Tant au niveau esthétique qu’au niveau des prestations de conduite. Rien d’étonnant me direz-vous à ce prix-là. Mais tout sportif de haut niveau sait que le plus difficile n’est pas d’arriver à être numéro un mais bien de le rester… Et quand on voit le travail effectué sur la planche de bord, et les moyens mis en œuvre pour développer cette batterie d’aide à la conduite, Mercedes ne s’est vraiment pas laissé aller.
La dernière Classe E est une réussite et devient à mes yeux la Benz la plus aboutie de l’histoire… avant la prochaine ; )
Les +
Esthétique flatteuse en version Sportline (vivement l’AMG)
Planche de bord vraiment innovante avec ses écrans généreux
Aides à la conduite utiles et rassurantes…
Les –
… mais qui laissent encore une dernière marche de progrès avant l’autonomie complète
Intégration décevante d’Apple CarPlay avec les interfaces Mercedes
Indications GPS parfois troublantes que nous avions déjà constatées sur la C
Une réactivité des interfaces encore perfectible
Un coffre motorisé qui s’ouvre de très loin… Mais se referme de très près.
Bonus : Park Assist
Park Assist Mercedes 2016 par diisign