Hier soir avait lieu une soirée exceptionnelle (si vous n’aviez pas vu mon récit de l’année dernière, n’hésitez pas, ça commence ici et ça finit là) comme savent si bien les organiser les gens du bureau du Fooding (encore merci à eux). On peut qualifier le concept d’événement culinaire de l’année : une vingtaine de personnes peut chaque soir déguster, dans le cadre d’un restaurant de poche du deuxième arrondissement, un menu conçu et préparé par le célébrissime François Simon. Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, il s’agit d’un critique gastronomique extrêmement médiatique et productif, puisque outre sa position de grand reporter pour le Figaro et le Figaro Magazine, il a déjà écrit beaucoup de livres, a animé des émissions culinaires sur France Inter et dispose de sa propre émission sur Paris Première (n’hésitez surtout pas à aller voir son blog). Autrement dit : un monument, influenceur de milliers de gastronomes apte à terroriser tout chef peu sûr de lui.
Alors découvrons ce menu : le sponsor étant le beurre, c’est un repas à déconseiller aux petits estomacs qui nous a été servi.
Pour commencer une crème de potimarron, délicatement parfumée au gingembre et à la vanille, extrêmement onctueuse. En bouche le potimarron se fait très doux, grâce au savant équilibre avec le gingembre.
Ensuite un poulet rôti au beurre salé épicé entre autres par une douce pointe de badiane, accompagné de sa mâche. Présentation simple, le chef n’essaie pas de faire de l’esbroufe visuelle ou du design culinaire, ce soir c’est du comme à la maison, et c’est tant mieux. Un demi poulet par personne : au moins on ne pourra pas dire que la quantité n’y est pas, c’est hyper généreux. Peau dorée et croustillante comme je l’aime, chair bien tendre : c’est bon, François a su dompter la rôtissoire. Encore une fois les épices donnent le petit soupçon de sophistication que l’on est en droit d’attendre de l’expert, et le beurre le côté gourmand. A noter : la sauce de la mâche était vraiment délicate, présente à chaque bouchée mais invisible à l’oeil : un sans faute de ce côté-là.
Et pour finir un macaron au beurre salé accompagné d’un sabayon au saké : après un tel plat, ce macaron ultra gourmand (et tout simplement parfait), c’était presque trop. Et puis non, finalement, il était tellement bon qu’il a vite disparu. Le sabayon était totalement aérien, une sorte de bouchée d’air parfumée au saké, contrastant avec le reste des plats qui rendaient bien hommage au sponsor de la soirée (le beurre). (désolé pour la photo, un sabayon ça se mange vite, du coup la photo a été prise en urgence)
Pour accompagner tout ça, un vin tout simplement parfait : un Hermitage Le Pavillon 2004 de la maison Chapoutier (une tuerie, comme on dit chez nous). Il doit avoir une bonne part de responsabilité dans l’ambiance si chaleureuse de la soirée, et nous a permis d’attendre les plats sereinement (et oui, le chef avait un peu de mal au niveau du rythme de préparation des assiettes, mais étant donné que la cuisine est minuscule et qu’il avait 20 convives à servir, on ne va pas râler parce que ce n’était pas du simultané : je ne pense pas qu’il était possible de faire beaucoup mieux).
Soyons honnêtes, François Simon n’a pas choisi la complexité : ce sont des plats plutôt simples qu’il nous a servi. Simples mais réalisés avec application : d’après son blog il s’améliore de jour en jour, je ne suis donc pas déçu d’être venu le troisième jour! Félicitation à ce critique pour avoir osé se mettre en danger de la sorte. Des critiques qui régalent des invités pour une semaine, on pouvait déjà y goûter grâce à la semaine du Fooding, mais cette fois-ci ce n’était pas n’importe quel critique, une preuve de son humilité et du fait qu’après tant d’années à faire peur aux chefs de la France entière, il sait lui aussi passer aux fourneaux. Ce soir tout était bon, voire très bon, rien n’était inoubliable, mais le souci du détail apporté aux plats et l’alliance subtile et juste des épices trahissait le fait que ce chef a vraiment mis du cœur dans ce qu’il nous a préparé : une déclaration d’amour à la cuisine. Et finalement, que lui demandait-on de plus? Il a su garder sa place, lui qui a l’habitude de dîner chez les plus grand, il n’a pas essayé de nous faire du Gagnaire ou du Marx. Non, il a préparé des plats à sa portée, humbles, honnêtement et avec amour et respect de ce métier.
Ce soir ce monsieur nous a prouvé qu’il aimait la cuisine et savait aussi mettre la main à la pâte pour partager avec des inconnus cette passion. C’est exceptionnel et ça vaut tous les encouragements du monde.
Seul réel regret de la soirée : François n’a pas osé sortir de sa cuisine pour montrer sa tête aux invités du soir… Dommage, son apparence physique restera encore longtemps un mystère pour moi!
PS : toute la polémique sur la difficulté d’inscription aux événements du Fooding n’a pas lieu d’être : en tant que fan de la première heure, j’ai réussi à gagner des invitations plusieurs années, et tous les invités ainsi que moi même étions toujours des fans qui avaient persévéré pour pouvoir obtenir le précieux graal : de temps en temps des amis des « célébrités » de la soirée faisaient une apparition, mais il n’y a jamais eu de passe droit presse ou autre visible. Les bloggeurs qui pestent contre le Fooding n’ont qu’à continuer à aller dans leurs soirées bloggeurs où ils obtiennent toujours des invitations exclusives sans aucune distribution démocratique. Le Fooding a choisi de récompenser les plus rapides, c’est une manière de récompenser les plus motivés, pas les égocentriques habitués aux privilèges…
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Ajouter les vôtres[…] Nous n’y serons pas, par contre on a réussi à entrer à deux autres événements (outre le superbe dîner de François Simon). Commençons par une mention spéciale pour le bar clandestin de cette année : au sein des […]