…Ou un prétexte pour étudier l’évolution du design ces dernières années.
Cette chambre d’hôtel a été dessinée par le studio LAVA (Laboratoire pour une Architecture Visionnaire, architecte du musée Mercedes de Stuttgart ou du cube d’eau de Beijing) en collaboration avec le Fraunhofer IAO (Institut pour l’organisation du travail) de Stuttgart en Allemagne. Alors cette chambre ressemble assez fortement au travail de Zaha Hadid pour l’hôtel Puerta America de Madrid (rappelons pour les distraits qu’il s’agit d’un hôtel où l’aménagement de chaque étage est signé par un grand architecte) dans ses formes sculpturales intégrées, sorte de réinterprétation post moderne de l’idéal esthétique des années 70, donc avec un côté plus anguleux. Mais surtout, elle s’occupe de ses habitants, et en cela elle est représentative d’un grand courant du design d’aujourd’hui : la prise en compte de l’humain.
Depuis le début de l’ère industrielle, c’est la performance qui a dicté la forme des objets. Quand le terme de design est apparu, c’est encore sur des valeurs de performance qu’il se basait, comme le prouvent les travaux de Raymond Loewy, qui dessinait, en pleine époque du streamline, des formes aérodynamiques, que ce soit pour des trains ou des grilles pains… Tout objet a longtemps dû exhiber un aspect de performance pour être considéré comme « in ».
Ensuite, c’est la fonctionnalité qui a pris le dessus : l’automobile en est un exemple marquant, avec le concept du monospace qui regorge de trouvailles pour ranger, moduler l’habitacle, ou, plus proche de notre sujet, des chambres d’hôtel qui se dépouillent et offrent une surface maximale dotée de trouvailles utiles pour ranger ses vêtements, cacher ses valises…
Mais tous ces codes étaient valables avant… Le courant actuel est de remettre l’humain au centre du produit : la performance est un dû, les trouvailles fonctionnelles et pratiques aussi, maintenant le stade d’accomplissement du « bon design » se trouve dans l’émotion de l’utilisateur. La chambre de LAVA exploite ce principe : les formes douces de l’intérieur transforment l’espace en cocon (sans vraiment perdre en fonctionnalité, puisque les reliefs servent à cacher la technologie ainsi que parfois de rangements), mais surtout, chose nouvelle, ils ont pensé à intégrer un éclairage anti décalage horaire dans cet espace, histoire d’aider l’utilisateur à se remettre sur le bon fuseau horaire. Une idée très simple, alors pourquoi ne pas y avoir pensé avant? Le fait que toute la technologie de la chambre soit entièrement dissimulée (la chambre dispose de pas mal de gadgets aptes à ravir les plus geeks des voyageurs, comme un lit de relaxation, une vitre multimédia, un spa personnel, ou un miroir « intelligent ») prouve que l’ère de la performance qui s’affiche est bel et bien révolue. Dans un autre domaine, mais dans le même esprit, vous pourrez remarquer que de plus en plus souvent, l’aménagement intérieur des transports en commun devient non linéaire, assymétrique : de plus en plus tourné vers une esthétique de salon procurant une sensation de cocooning que vers la notion de linéarité symbolisant la vitesse.
6 commentaires
Ajouter les vôtresGood information in this post, keep up the great work. Cheers.
[…] poursuivons notre exploration de concepts d’hôtels d’avant garde par un lieu qui joue avec l’opposition des codes du luxe. En fréquentant un peu les hôtels […]
c’est du délire tout ça , cette architecture est inqualifiable, inclassable, ça sort de l’ordinaire
[…] Aujourd’hui c’est le designer allemand Chris Bosse du collectif LAVA (qu’on a déjà pu croiser sur diisign.com) qui signe une réinterprétation en tranches de polycarbonate. Illuminé comme il le faut, […]
J’allais dire que c’était kitch avant l’heure, mais cela date d’il y a 2 ans. Je pense que ce genre d’architecture vieillit très mal, on dirait déjà un remake de l’Odysée de l’espace…
@Cédric : pas sûr que le problème soit que ce type de conception vieillisse mal. Ce qui fait kitsch c’est l’imaginaire que l’on se fait de ces espaces où tout est moulé dans un bloc. On pense évidemment 70’s, et on se dit que finalement, une chambre rectangulaire avec un lit, une armoire dans un coin et un bureau dans l’autre vieillissent mieux… Mais il y a quelque chose d’intéressant dans cette chambre : cet aspect cocon, où la chambre semble s’enrouler autour du client. Je ne dis pas que c’est mieux, je dis qu’il y a quelque chose de possible entre le parallélépipède si facile et le capsule hôtel tokyoïte… En décoration d’intérieur, on cède un peu trop facilement à la simplicité.