Lancia… Ce nom évoque aux plus anciens de beaux souvenirs en compétition automobile, des lignes d’exception… Mais la belle italienne s’est un peu trop endormie ces dernières années, et les jeunes générations ne voient derrière Lancia que des Fiat rebadgées. À l’occasion de la sortie du cabriolet Flavia, j’ai eu l’occasion de tester quelques modèles de la gamme 2012 du constructeur, qui mélange désormais ses origines italiennes avec le sang américain de Chrysler. Revue d’une partie de la « collection » 2012 sur les routes de Champagne.
Delta : une italienne qui veut se différencier
La Lancia delta est l’une des toutes dernières Lancia entièrement italienne. Son look est immédiatement reconnaissable tant il tranche avec ce qu’on voit sur la route. On adore ou on déteste, de mon côté j’ai du mal à trouver de l’attrait dans ce style très torturé. Avec sa longueur de 4,50m, Lancia revendique être exactement en face d’une DS5, pour la taille et la personnalité tranchée. Mais hélas, la comparaison s’arrête là, puisque l’intérieur ne joue pas autant la carte du premium (du plastique à profusion hérité de la Fiat Bravo), et la motorisation n’est pas du genre à vous coller au fond de votre siège (malgré les 165ch sur le papier du Diesel testé), alors qu’elle est particulièrement sonore dans l’habitacle.
Pour ne rien arranger, j’ai trouvé que la direction manquait de précision, ce qui ne pousse pas à une conduite « à l’italienne ». Il ne reste finalement à cette Delta qu’un rapport prix/équipement (dans la catégorie des équipements encore rares pour le segment, le parking automatique est proposé) correct, si vous craquez sur sa ligne.
Flavia : le cabriolet cruising
Après cette Delta qui m’a laissé sur ma faim, un petit tour en Flavia s’imposait. Là encore, si vous la choisissez, vous jouerez la différence, parce que Lancia se fixe directement un handicap à la commercialisation dans notre pays : il n’y aura pas de version Diesel. Tant pis pour les ventes, tant mieux pour l’air.
Ici encore, Lancia veut jouer la carte du distinctif abordable, en plaçant l’unique modèle de Flavia à 32900€ (en prix de lancement jusqu’à fin octobre, ensuite le prix gonflera de 4000€, mais il faut déjà ajouter un malus à 2300€) toutes options comprises. L’équipement n’est tout de même pas pléthorique, mais avec la climatisation automatique bi-zones, les phares xénon, le régulateur de vitesse ou le GPS, on a à peu près tout ce qu’il faut pour être heureux quand on est pas fan de gadgets. À part une caméra de recul, ou au moins un radar, qui manqueront vraiment en raison d’une ceinture de caisse haute en plus de la petite lunette arrière. A bord, ça manque clairement d’élégance et de classe à l’italienne, malgré une sellerie cuir. On se consolera en remarquant que les places arrière sont particulièrement généreuses pour un cabriolet de ce niveau de gamme, mais c’est au prix de mensurations particulièrement généreuses (4,95m de longueur).
En terme de conduite, il semblerait que la suspension ait été travaillée pour que l’on ne se sente pas dans un bateau à l’américaine… Mais c’est à peu près tout ce qui a dû faire l’objet d’attention des ingénieurs italiens, parce qu’avec sa boîte de vitesse (automatique uniquement) d’un autre âge qui limite tout agrément moteur (essence 170ch), sa direction pas très rassurante quand on enchaine les virages ou son freinage manquant clairement de mordant, on sent que ce cabriolet n’est pas prévu pour grand chose d’autre que le cruising sur les grandes avenues de bord de mer. Pour ne rien arranger, notons qu’il m’a été impossible de descendre sous une consommation de 10L/100km malgré un parcours particulièrement calme.
Thema V6 3.6 : une américaine avec des bijoux Bvlgari reste une américaine
Après ces deux essais (et un excellent repas tout de même), j’aurai bien aimé pouvoir passer à la toute dernière Thema… Seul souci, le temps me manquait et ce n’est qu’en passager que j’ai pu la découvrir. Pourtant, son V6 de 286ch associé à une boîte 8 rapports d’origine ZF avait quelques solides arguments pour me faire adorer une Lancia… On peut noter que la finition claire de l’intérieur est typique de Lancia, le grand écran tactile donne une grande touche de modernité (mais il est desservi par une interface peu soignée, et une cartographie datée, cf point spécial sur la navigation en fin d’article)… Mais à l’extérieur, difficile d’oublier qu’on est dans une Chrysler 300 maquillée en italienne, tant les lignes tranchées de l’américaine sont identifiables. C’est le modèle Chrysler doté du plus fort caractère, difficile de le faire passer pour une élégante berline italienne. Dommage que la plus aboutie des Lancia soit une pure américaine!
Un point commun difficilement acceptable : des GPS datés
Quelle que soit la Lancia que j’ai eu l’occasion d’essayer, j’ai été désagréablement surpris par le GPS, quel qu’il soit, du plus petit jusqu’au grand écran de la Thema (qui déçoit en mode navigation parce que la majorité de sa surface est occupée par des boutons et que les informations utiles se retrouvent coincées sur une surface pas plus grande qu’un petit GPS standard)… Pourquoi? Pour des raisons pourtant basiques :
Graphismes datés et pas fluides, et surtout cartographie pas à jour.
Quitte à avoir un système de navigation de série comme sur Flavia, autant qu’il soit à peu près utilisable. Sur ce point, Lancia fait tâche, quel que soit le modèle.
En résumé, Lancia renouvelle son image (avec un nouveau slogan « Eleganza in movimento »), s’offre une gamme complète (6 lignes de produits contre seulement 3 en 2011), et veut faire oublier ses erreurs de qualité avec une assistance client hors du commun (le « contrat satisfaction Lancia », qui offre entre autres essais à domicile, prê^t de véhicule avant livraison, ou assistance complète, aussi bien routière que « anti-imprévus »). Mais Lancia manque toujours de rigueur dans ses choix techniques, et il reste bien difficile de voir un réel bénéfice à cette marque face à ses concurrentes, à part un certain exotisme, labellisé par les faibles prévisions de vente de véhicules pour 2012.