Librairie des Princes : Versailles dépoussière sa boutique de souvenirs


Ça s’annonçait comme une visite des plus classiques, cette Librairie des Princes : on m’invitait à venir voir ce qui n’est finalement que la boutique-attrape-touristes du Château de Versailles, invitation dorée à l’appui.
J’y suis allé, et j’ai vraiment été surpris.

Surpris d’abord par la modernité du concept : même si les bâtiments de France n’ont rien trouvé à y redire, même si le mobilier est très sobre, cette librairie a un look très moderne. Cela tient finalement à peu de choses : un choix de couleurs dans l’air du temps, quelques excentricités baroques ancrées dans notre époque (comme le sublime boudoir aux murs dorés à la feuille ou une sélection osée de lustres surdimensionnés, Paper Chandelier de Moooi dans le boudoir, ou White de Winnie Lui dans la chambre d’enfants par exemple).
Pour l’atmosphère, là encore c’est la surprise. Là où j’attendais de grands espaces dédiés à accueillir un nombre impressionnant de visiteurs, on est plutôt dans un appartement parisien (versaillais, devrais-je dire) que dans une boutique de musée. Cinq pièces (hall d’entrée, salle à manger, boudoir, bibliothèque, chambre d’enfant), c’est beaucoup, et leurs dimensions sont réduites. La présentation de livres et objets est volontairement dense, et rappelle une bibliothèque particulière. C’est peut-être ce choix osé, peu pratique mais charmant, reflétant un certain « esprit français » qui constituera sûrement le principal handicap du lieu.
Enfin, la sélection de produits est particulièrement sérieuse. Presque intégralement Made in France, par des maisons réputées ou des techniques typiquement françaises et dotée d’une belle quantité d’objets exclusifs (différentes étoffes en toile de Jouy, Sèvres pour la porcelaine, Michael Michaud pour une ligne de bijoux exclusifs, Pascale Brun d’Arre pour une ligne d’accessoires tout aussi exclusifs), cette boutique est capable d’attirer une clientèle plus avertie que les seuls touristes de passage.

On peut regretter la faible surface des lieux, mais la constitution en appartement a un autre aspect négatif : les différentes pièces s’organisent de façon classique, offrant au visiteur l’occasion de visiter plusieurs pièces réduites et certaines en impasse (si vous voulez aller à la chambre d’enfant, vous devrez passer par la bibliothèque, et elle ne dispose que d’un accès pour l’entrée et la sortie). Agréable quand les visiteurs sont peu nombreux et ont du temps, problématique en cas de saturation et avec des visiteurs qui ont en tout et pour tout quelques heures pour visiter la France (et bien sur rapporter un maximum de souvenirs…) Pas sûr qu’en période d’affluence, les visiteurs soient sensibles aux charmes du lieu.

En résumé, la librairie des Princes est un très bel exemple d’une nouvelle conception de la boutique de musée, un exemple que l’on serait ravis de voir décliné dans d’autres grands châteaux et musées de France (avec à chaque fois un caractère adapté au lieu, et une sélection de produits aussi sérieuse qu’à Versailles), son seul défaut est d’avoir été placée dans un lieu pas vraiment adapté au débit de visiteurs du site. La Réunion des Musées Nationaux semble vouloir moderniser son image tout en faisant attention à la qualité : tant mieux.

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