Le futur n’est peut-être pas en 3D, finalement…


Malgré tout ce que les constructeurs de TV, caméras, et éditeurs de films (ce sont souvent les mêmes…) veulent nous faire croire, il semble que la 3D ne soit pas la grosse technologie incontournable de demain, en tout cas dans son format actuel. Je prédisais le manque de succès de la 3D pour 2010 voire 2011 dans mon article sur l’IFA de l’année dernière, et bien visiblement les statistiques semblent annoncer pire : la 3D ne serait pas une niche, mais une mode éphémère…
Avant d’analyser le marché (beaucoup trop émergent pour en tirer une quelconque conclusion), The Wrap s’est penché sur la fréquentation des salles 3D aux Etats Unis. L’idée est simple, c’est de comparer les entrées pour un même film dans ses versions 2D et 3D. Alors qu’Avatar, une vraie démonstration technologique, a établi un record à 71% d’entrées dans des salles 3D (alors même que ce type de salles était peu répandu), ce score ne cesse de baisser (alors même que les salles compatibles 3D sont plus nombreuses). On atteint actuellement 60% de 3D pour Toy Story 3, autre blockbuster pensé en 3D, mais encore moins pour des films moins tournés « démonstration technologique ». Le pire est le plus récent : « Moi, moche et méchant » n’atteint plus que 45% de part de marché en 3D.

En résumé, la technologie ne prend pas : il semble que les spectateurs qui ont déjà pu tester la 3D préfèrent ensuite aller voir un film en 2D que de payer plus pour sa version 3D (car toutes les salles font payer l’option lunettes). Vu sous cet éclairage le constat est clair : pour le commun du spectateur américain, la 3D est un gadget.
Il faut maintenant suivre de près cette tendance, parce que si elle se confirme, il y a peu de chances qu’Hollywood continue d’investir dans ce format. Et si c’est le cas, cela voudrait dire plus de contenu pour nos chères TV 3D… Qui dit plus de contenu dit abandon de la technologie.

D’un autre côté, des pointures comme Roger Ebert (avec un plaidoyer pour la 2D dans NewsWeek), ou, pire, Christopher « Batman/Inception » Nolan (avec la décision de shooter le prochain Batman entièrement en IMAX non-3D) militent pour l’abandon de cette technologie au cinéma, ce qui n’aide vraiment pas à faire prendre la sauce marketing des constructeurs…

Enfin, on peut constater que les studios, pressés d’exploiter la poule aux œufs d’or que devait être la 3D, se sont empressés de convertir des films tournés en 2D pour pouvoir leur ajouter le suffixe « 3D » et faire payer à chaque spectateur 3 à 5€ supplémentaires (c’est le cas de versions 3D du Choc des Titans ou d’Alice au Pays des Merveilles). Ajoutez à cela le fait que les majors croient qu’une daube se vend mieux en 3D, et le logo « 3D » devient carrément un label « Mauvais film ». Du coup, pas la peine de s’étonner du succès mitigé de la technologie… (Sans compter qu’on a vraiment l’air bête avec ces lunettes, même si on est une star internationale…)

Alors, la 3D « à lunettes » va-t-elle se cantonner à rester une technologie bien sympathique pour les jeux vidéos?

4 commentaires

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Voilà enfin une bonne analyse !

Dans les années 70, ce sont des films médiocres qui ont précipité la chute de la 3D, faute de maîtriser les nouveaux codes et exigences de cette technologie.

En voyant les moyens engagés, j’ai pensé un court moment que cela allait marcher, mais les contraintes pour le spectateur en salle sont trop nombreuses : le coût, le port de lunettes pas franchement adaptées, la 3D qui finalement n’apporte pas grand chose mis à part des maux inévitables.

Car la 3D souffre en l’état actuel de pas mal de problèmes: l’image étant en 3 dimensions, l’œil du spectateur essaye de faire la mise au point sur un objet se trouvant devant ou derrière l’écran, avec pour résultat une fatigue oculaire et une image qui devient floue, car l’objet est toujours au niveau de l’écran, sans parler de la dénaturation des couleurs.

Le montage, la profondeur de champ, le calcul du « budget 3D », les angles de vue nécessitent que les réalisateurs créent un film spécifiquement pour la 3D. La conversion 2D>3D ou inverse ne fonctionne tout simplement pas sur le long terme.

Et au final, c’est le consommateur qui fait son choix et qui, visiblement, a commencé à le faire aux USA.

J’ai toujours pensé que la 3D resterait pour les jeux vidéo (Nintendo 3DS, PC) mais son avenir au cinéma et sur nos TV est déjà scellé.

Je dis tant mieux, car je pensais m’équiper en vidéoprojecteur et l’arrivée de la 3D avait suspendu mes projets. L’annonce de la fin de la production des grosses productions en 3D, puis l’abandon du format Blu Ray 3D marquera la fin de la 3D, jusqu’au prochain épisode…

Oui enfin….

Pour avoir vu Avatar, au delà de l’histoire du film je dois bien reconnaitre avoir pris une claque visuel. La 3D avait tout son sens. La question c’est peut on et doit on la mettre à toutes les sauces ? La réponse est non.

L’autre problème lié à la 3D c’est qu’on vient à peine de passer à la HD qu’on nous sert un nouveau standard. Il faudrait pas prendre les gens pour des gogos.

Moi je pense que l’avenir sera 3D avec la conjonction du film, du jeu video et du Kinek de microsoft on risque de prendre dans les années à venir une sacrée claque.

Et pour saupoudrer le tout on va nous mettre une petite couche avec Avatar 2 et surtout la nième sortie de Star Wars en 3D et pour peu que le Hobbit joufflu vienne à son tour nous raconter le périple de Bilbon…..

Pour ma part je ne pense pas non plus que la 3D soit sans espoir si elle est bien utilisée, entre autre si elle n’est pas utilisée comme un argument de vente. Les films en 3d doivent être pensés en 3d pour toutes les raisons précédentes. Les techniques de traitement d’image actuelles ne sont en effet clairement pas capables de reconstituer un effet 3d potable à partir d’images en 2 dimensions.
Je pense que la différence se fera avec l’apparition de la 3d sans lunettes pour grand public. Non seulement cette technologie ne présentera pas tous les inconvénients liés au port de lunettes, mais en plus elle offrira un plus grand « effet 3d » puisque les technologies étudiées à l’heure actuelles se basent sur un système avec un nombre de points de vue beaucoup plus élevé (au lieu des 2 actuels).

Pour ce qui est du jeu vidéo, à mon avis la 3d y prendra tout son sens très bientôt : l’avantage du jeu vidéo c’est son interactivité. Contrairement à un film les images sont calculées à la volée et vont permettre une 3d beaucoup plus sophistiquée que la 3d actuelle : l’effet 3d ne sera plus (ou pas seulement) créé par un point de vue différent pour chaque œil, mais par une détection de la position de l’utilisateur pour orienter la caméra virtuelle du jeu dans la direction où il regarde. Pour avoir déjà observé une telle application, je peut vous dire que l’effet est bluffant, même sans lunettes !

@floboc : j’ai aussi testé la « 3D » temps réel par détection du point de vue de l’utilisateur… C’est vrai que c’est super bluffant, tout simple, applicable dès aujourd’hui… Mais le souci c’est que ça ne peut marcher qu’avec un seul utilisateur à la fois…
Sinon, les écrans 3D sans lunettes affichent bien simultanément l’image sous une multitude d’angles de vue, mais au final, on ne regarde jamais plus de 2 angles de vue à la fois par personne, celui de chacun de nos yeux! Cette technologie est prometteuse.
En attendant, il faut que les artistes, cinéastes et développeurs de jeux s’approprient réellement la 3D : c’est une nouvelle possibilité, on ne gagne rien à l’utiliser si elle n’est là que pour faire joli. Faire du cinéma, c’est raconter une histoire… Et pour le moment, la 2D m’a suffit pour les meilleures histoires. A eux de trouver ce qui peut révéler l’importance de la 3D. Sur ce plan, peut-être que Pina de Wim Wenders apporte quelque chose de nouveau. A voir.

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