Avant hier nous étions invités à un dîner de présentation des nouveaux couverts XY de Guy Degrenne… Bon, nouveaux couverts, vous allez me dire bof… Et bien en fait non, ils sont vraiment intéressants ces couverts, et pas seulement parce qu’ils nous ont permis de profiter d’un superbe repas gratuit au Laboratoire! (car comme vous le savez, chez diisign.com, la seule corruption possible se fait en nature!)
Bon, revenons-en à ces couverts, innovants sous bien des aspects. D’abord parce que c’est la première fois qu’un industriel se pose la question de proposer des couverts adaptés à la cuisine du moment, la cuisine moléculaire (on peut bien s’acheter les couverts créés par Feràn Adria pour El Bulli, mais on ne peut pas appeler ça de la grande diffusion…). Et oui, qui dit nouvelles textures dit nouveaux outils permettant de consommer. Le repas proposé permettait justement de tester l’ergonomie de ces outils avec des plats résolument contemporains… Présentation simultanée des couverts et du repas.
On commence donc le repas par un amuse bouche : « Fourchette mise en bouche pour noix de Saint-Jacques grillées et pulpe d’ananas à la cardamome. Huître sur sa spatule mise en bouche et émulsion de pamplemousse » (notez que j’ai mis plus de temps à lire le nom du plat qu’à le manger… On est un peu loin de la sobriété des appellations de certains chefs actuels), permettant un premier contact avec ces couverts. Beaux, ils le sont, assurément. Un look résolument moderne, entre courbes douces et arêtes structurantes, ils sont vraiment attirants. Pratiques aussi, cette cuillère/spatule dédiée à la consommation des espumas (ou écumes, pour ceux qui ne sont pas à fond dans la cuisine… Pour ceux qui ont du mal à faire ce genre de chose avec la Lécithine de soja – j’en fait partie – je dispose encore de bain moussant au pamplemousse, l’effet d’illusion sera parfait, le seul problème sera la digestion!) me permet de profiter du plat jusqu’à la dernière goutte, là où un couteau ou une cuillère traditionnels auraient été d’un emploi plus difficile (ceux qui me connaissent savent bien que ce n’est pas le genre de choses qui m’arrêtent et que j’aurais pu finir le plat à coups de langue…)
Après cette mise en bouche originale mais pas exceptionnelle (oui, il faut bien l’avouer, elle ne m’a pas transcendé), l’entrée était une belle progression : une Spatule mise en bouche pour risotto de soja et Saint Jacques en fourchette gourmet, toujours, comme son nom l’indique, une association plat/couverts recherchée (oui, bon, l’association avec un petit vin blanc était bien sympathique aussi, ne vous inquiétez pas, vous savez bien que sans un bon vin, ils n’auraient jamais eu d’article sur diisign.com 😉 ) Belle maîtrise des saveurs, le reste du repas s’annonçait bien…
Un petit mot au passage sur les assiettes, très contemporaines avec leur aspect asymétrique, je ne les connaissais pas (et oui, je n’ai jamais vraiment pris le temps d’explorer la gamme de cette marque…), et c’est un petit coup de coeur.
Et puis une petite critique quand même… Il s’agit de la cuillère biseautée… Il faudra m’expliquer pourquoi elle est biseautée dans le sens contraire à ce que voudrait la logique et l’ergonomie : la convention veut que la fourchette soit à droite de l’assiette, donc dans la main droite, et le biseautage de celle-ci est bien plus pratique quand elle est tenue par la main gauche… J’aurais dû en parler au sociologue présent à la soirée, car comme vous le voyez j’ai de graves problèmes existentiels!
On passe au plat tout en discutant des couverts… Ah oui, c’est vrai, il suffit que je commence à parler nourriture pour oublier le sujet principal… Donc voilà, quand je dis que la marque française a « repensé » les couverts, ce n’est pas uniquement parce qu’elle les a adaptés à la nouvelle cuisine… Non, ils ont aussi, pour la première fois, été pensés pour plaire autant aux hommes qu’aux femmes, d’où le nom de la collection : XY. Une idée qui visiblement a demandé énormément de travail, Guy Degrenne étant habitué à tester les nouvelles créations sur un panel féminin, il a été extrêmement difficile de concilier mâles et femelles autour d’un même concept… De mon côté et de celui de Matthieu c’est gagné, donc ça plaît côté masculin… Visiblement lors de la soirée le côté féminin était aussi conquis, il me reste à demander l’avis de mademoiselle diisign, histoire de savoir si ils entreront dans notre short list de couverts idéaux aux côté de nos chouchous de chez WMF et Georg Jensen.
Sachez que l’homme est avant tout attiré par l’allure du couteau, qu’il veut lourd, structuré, et efficace (je me retrouve dans cette idée, dans un set de couverts, c’est toujours le couteau qui me fait craquer), alors que la femme se retrouve dans les formes douces et arrondies des cuillères (bon, il faudra m’expliquer pourquoi mademoiselle a craqué sur le set de Barbry à Copenhague alors)… On retrouve tout ça dans la création Guy Degrenne, avec, et c’est assez extrême sur ces couverts, un couteau vraiment beaucoup plus lourd que la fourchette. Ça impressionne au début, mais ça ne pose aucun problème (bon, à part que si vous passez votre journée avec des couverts dans les mains, vous finirez un peu plus musclé du bras droit…)
Aller, on en reviens à la nourriture, avec le plat : une « Volaille conique et son arôme Tajine et ses outils de dégustation ». Impressionnant ce cône vert, mais surtout succulent. Epicé, bien épicé, assorti à la douceur de la petite gelée de têtes d’asperges vertes : un délice. Mon côté masculin aura profité de ce cône pour vérifier que le couteau coupe bien (encore heureux tout de même, on ne parle pas d’une ménagère Ikea!!)
Final du repas en apothéose avec un Méli-mélo de couverts gourmandise pour un toffee et chocolat en déclinaison thermique tout simplement parfait, dont je soupçonne le fondant chocolat d’avoir été préparé « à froid » (recette au siphon, ça se trouve sur le net si vous voulez vous amuser chez vous), d’où le terme « déclinaison thermique »… On remarquait au passage que le repas était bien sponsorisé par un fabricant de couverts, parce que servir un moelleux avec couteau, fourchette et cuillère, c’était une première pour moi!
Note finale ludique avec un café accompagné de meringues uniquement constituées de jus de fruit épaissis avec un peu d’agar agar trempées dans l’azote liquide. On aime toujours autant jouer avec l’azote et ces préparations givrées, qui ont une texture de meringue, mais un goût ultra fruité puisque constituées à presque 100% de fruit, sans sucre… Un argument qui devrait convaincre toutes les obsédées de leur ligne d’acheter une petite bouteille d’azote liquide. Voici la référence, prenez des notes :
Alors au final, on a très bien mangé, mais ça, vous vous en moquez… Non, au final, le bilan de ce nouveau service est vraiment positif, et l’idée de l’avoir testé avec des plats assortis est vraiment bonne puisque les produits étaient très bien mis en valeur. Qui dit nouvelle cuisine dit nouveaux outils, et cette innovation est une belle réussite stylistique.
Niveau prix on en est à 18,90€ pour le couteau, 11,90€ pour la fourchette et la cuillère… Et un peu moins pour les petits couverts, la gamme est impressionnante.
3 commentaires
Ajouter les vôtresMarc, le Gentil Animateur des soirées moléculaires! merci pour cet article!
J’ai attendu impatiemment la sortie de ces couverts, j’ai craqué sur toute la gamme des mises en bouche.
Merci pour ton article 😉
[…] doit d’ailleurs être la seule marque « grand public » à avoir créé une ligne de couverts dédiés aux dernières tendances de la cuisine. Quand on a été invités à contredire l’adage d’Alfred de Musset […]