[test]DS7 performance line : le luxe à la française, plutôt côté Jean Paul Gaultier que Givenchy

Essai DS7 Crossback performance line 180ch hdi test
Ca faisait un petit moment que je voulais mettre la main sur un DS7 pour avoir une idée de ce que la marque premium française pouvait proposer face à un marché encombré d’une concurrence sérieuse, même au sein de son propre groupe (PSA). Ce nouveau SUV est d’autant plus important qu’en plus d’être le haut de gamme de la marque DS, et l’un des véhicules français les plus haut de gamme, c’est leur première « vraie » nouvelle voiture depuis bien longtemps. Autant dire qu’il était attendu. Le service de la marque étant aux petits oignons, j’ai pu profiter d’un essai en plein milieu de l’été. Voici ce que j’en ai pensé.

Essai DS7 Crossback performance line 180ch hdi test
Design
On ne peut pas le louper ce DS : volumineux, souvent bardé de chromes et parfois choisi en couleur orange, j’imagine que vous avez déjà tourné le regard vers lui et sa grosse calandre… DS a compris qu’on était chez diisign.com, alors ils ne m’ont pas proposé des chromes à profusion mais une version « Performance line » beacoup plus sobre puisque les lignes de chromes des faces avant et arrière sont ici remplacée par des éléments anthracite mat. Ajoutez à ça des jantes noires de 19″ (qui sur ce gros engin ont l’air d’être petites, un comble!) et vous aurez au final un DS7 au look de bad boy, assez masculin, quand ses frères jouent plutôt les divas de la route avec leurs brillants apparents.
La ligne globale de ce SUV me fait penser au bon vieux Lexus RH 450h de 2010, avec une grosse calandre d’Audi… Mais ce serait oublier tous les artifices déployés par les designers de DS pour se différencier, et en particulier les optiques, encore plus technologiques et travaillées que chez Audi, un comble : à l’avant ce sont les fameux « diamants » montés sur moteurs qui font l’animation à chaque démarrage (ambiance boule à facette garantie dans les petits parkings!), à l’arrière c’est un motif en relief de losanges métalliques posés sur une surface lumineuse rouge qui distingue la signature lumineuse de la bête. Ajoutez à cela les feux diurnes verticaux avec leur motif « point perle » (un trait, un point, un trait…) et vous êtes sûrs de ne pas confondre le DS7 Crossback avec une autre voiture en pleine nuit.
Essai DS7 Crossback performance line 180ch hdi test
A l’intérieur, il faudra aussi oublier la sobriété. L’énorme écran central trapézoïdal fait le show, avec une réactivité et une définition d’excellent niveau, et le bloc d’instrumentation full digital (là encore un énorme écran) permet de varier les affichages entre compteurs, mode plutôt dédié à la conduite automatique ou rappel géant de la cartographie GPS. A partir du moment où vous n’avez rien contre les losanges. Pas de sièges « bracelet de montre » sur la finition Performance Line, mais un chaleureux gainage d’alcantara de presque toutes les parties visibles. On est dans un salon, mais bien dans son coin, avec une console centrale très haute et large qui vous sépare complètement du passager. Là où les choses partent trop loin dans la surcharge esthétique à mon goût (mais qui doivent plaire à certains), c’est dans quelques détails en trop, comme les petits points argentés sur les aérateurs, comme les bandes de plastique « guilloché » sur les côtés de la montre de bord, cette dernière étant chargée (comme le veut une BRM) et n’apporte pas forcément un côté luxueux… Mais j’ai rarement été sensible aux horloges de bord analogiques comme héritage luxueux d’un autre temps.
Dernière touche de raffinement ou de bling selon vos goûts : les portes sont habillées d’un motif (fait de losanges évidemment) éclairé dont on peut choisir la teinte. L’intensité lumineuse de cet habillage est très faible et on ne peut presque pas parler d’éclairage d’ambiance.
Essai DS7 Crossback performance line 180ch hdi test

Performance
Alors, il se conduit comment ce DS7 Crossback? Et bien sa suspension est assez souple, et en mode confort, elle est à la limite du trop souple, avec quelques mouvements de caisse molassons façon… Façon quoi en fait? Mais façon DS des années 60 pardi!! Ca y est, les nostalgiques de l’époque « Citroën hydraulique » ont quelque chose à conduire! Autant vous dire qu’en tant qu’amateur de suspensions un peu fermes pour « sentir » la route, je n’ai apprécié ce mode que sur autoroute. Fort heureusement, le sélecteur « drive mode » permet d’opter pour un mode « normal » qui reste assez typé confort mais sans être aussi caricatural que le mode dédié. C’est ce mode que j’ai préféré, aussi à l’aise sur route qu’en tout chemin. A l’opposé, le mode Sport rend la suspension assez ferme, mais jamais « tape cul ».
Il y a des suspensions pilotées dont on remarque peu les différents modes, mais on ne pourra clairement pas faire cette critique au DS7. Et du coup, il s’éloigne complètement du typage d’un Peugeot 3008 (ou 5008), et c’est tant mieux.

Côté motorisation, avec mon bon gros Diesel de 180ch, j’avoue ne pas avoir trouvé un panache incroyable à ce DS7 : 180ch c’est franchement pas mal, mais avec un engin haut et pas très léger (1700kg environ), finalement, il ne reste plus beaucoup d’équidés pour vous donner des sensations, malgré une sonorité un chouilla trop présente dans l’habitacle dans les montées de régime. La conduite confort est donc préférable parce que ce DS7, malgré son badge « performance », n’est pas une machine à sensations. Pour jouer au pilote, il y a de toute façon mieux qu’un SUV…
Hélas, l’embonpoint se traduit par une consommation un peu élevée pour un Diesel : impossible de passer sous les 6L même en conduite douce. Mais le client veut du SUV, donc on lui donne du SUV… Attendons une grosse augmentation des prix des carburants pour revenir à des silhouettes plus sveltes!
Les amateurs de sensations fortes en SUV pourront néanmoins bientôt se rabattre sur la version hybride de l’engin, qui sera doté d’un gros moteur essence à l’avant et d’un moteur électrique (gage de couple important dès les bas régime) sur l’essieu arrière.

Les passagers sont bien reçus même à l’arrière, avec une banquette confortable, de la place pour les jambes et une zone de climatisation séparée dotée d’un écran de contrôle, tout cela sans sacrifier le coffre qui offre un volume de chargement énorme et sans seuil (en fait il y a un seuil, mais un plancher de coffre amovible vient compenser, et vous permet de ranger quelques éléments sous l’espace de chargement « standard »).


Au niveau technologique, la dotation est large : sur mon modèle d’essai, j’avais la totale : conduite autonome de niveau 2, alerte d’angle mort, détecteur d’attention, et même la vision de nuit, qui comme les caméra nightshot des camescopes Sony des années 90 vous permettra de dévoiler les sous-vêtements des demoiselles en face de la voiture (véridique, mais on s’égare). Autant dire qu’au chapitre technologique, DS est au niveau des meilleurs (Allemands, Volvo…) Carplay et Android Auto font bien évidemment partie de la fête technologique, mais ça, on y est habitué chez PSA. Un Carplay sans fil aurait été bienvenu, mais il faudra encore passer par un câble.
La conduite autonome fonctionne très bien : une distance réglable avec la voiture que vous suivez une excellente tenue de cap sans « ping pong » intempestif entre les lignes, un freinage correct quand quelqu’un vient se placer devant votre calandre (même en mode le plus proche la distance de sécurité reste confortable). Ce mode n’est pas parfait cependant avec une détection du marquage au sol assez sensible (mais du coup ça vous évitera l’envie de tester ce mode sur les petites routes) et une détection des mains sur le volant un peu capricieuse (il vaut mieux « tenir » le volant que « reposer ses mains dessus »).

Un facheux détail : la caméra de recul a une définition horrible, ça doit être le même composant que sur les autres voitures du groupe PSA, mais sur un énorme écran haute définition, l’image devient dégueulasse. A changer! Elle est heureusement secondée par des petits suppléments bienvenus : une vue du dessus à 360° et un mode qui bascule la vue arrière en vue de dessus lorsque vous êtes très proche de l’obstacle.

A noter : le système audio embarqué est d’un niveau très correct de base, je n’avais pas besoin de l’option Focal pour être heureux… Mais j’ai quand même envie de savoir ce que cette option donne, parce qu’elle resta abordable, alors si le rendu est digne des meilleures options audio, ce serait l’affaire à faire…


Conclusion
Avec le DS7 Crossback, PSA a su proposer quelque chose de différent. Différent de Peugeot, d’Opel ou de Citroën (encore heureux), mais aussi différent des marques allemandes. La finition Performance Line est la plus sobre proposée, mais on pourra encore trouver le look chargé, les gimmicks mécaniques (l’animation des « diamants » des projecteurs ou le déploiement de l’horloge) un peu too much… Justement, il en faut pour tous les goûts, et jouer le luxe extravagant est peut-être une bonne voie pour se faire une place à l’international : la France est connue pour son extravagance, la sobriété (et le couple sandales/chaussettes) revient à l’Allemagne, et donc le « luxe à la française » peut se permettre une petite touche de folie. Oui, il y a des détails qui font gadgets sur le DS7 crossback, mais avouez, vous avez envie d’un petit peu de gadgets inutiles quand vous mettez plus de 50 000 Euros dans une voiture, non? Si c’est non, vous pouvez rester chez les premium allemands! Si c’est oui, la seule chose que je déconseillerais c’est ce Diesel, à mon avis il y a plus silencieux et pas forcément trop gourmand dans les versions essence.

Les + :
+ Différent
+ Comportement routier agréable typé confort
+ Suspensions pilotées qui changent vraiment le ressenti
+ Aides à la conduite de haut niveau
+ Finition de haut niveau
+ Présentation moderne
+ Rapport prix/équipement largement en faveur de la France face à l’Allemagne (ou à la Suède…)
+ Grande capacité de coffre sans seuil (via plancher amovible et rangements inférieurs)

Les – :
– Un peu d’embonpoint qui efface les 180ch du HDI…
– …Et la consommation s’en ressent
– Rendu de la caméra de recul honteux à ce niveau de gamme

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