Je n’étais jamais allé à Marrakech avant ce mois de juin, et je n’ai jamais eu l’occasion de séjourner dans un riad. Je ne vais donc pas vous servir un comparatif de riads, non, simplement mes impressions sur le Noir d’Ivoire. Intimiste, luxueux, et bien situé dans la médina, le tout à quelques heures d’avion de la France. Dépaysement garanti.
Après une très rapide course en voiture depuis l’aéroport de Marrakech (qui pourrait passer à l’enregistrement en ligne pour le retour…), on se retrouve près d’une des portes de la Medina. Plus moyen de progresser plus loin avec le gros van climatisé. A la sortie, le dépaysement commence puisqu’un âne (Couscous) est là pour porter vos bagages dans son chariot pendant que vous le suivez dans les ruelles tortueuses. Nos guides nous donnent les points de repère pour savoir où tourner : fontaine, palmier… On devrait pouvoir s’en souvenir. très vite, la foule disparaît, et on serpente entre de hauts murs troués de rares portes. On sait qu’on se rapproche, et que l’une d’entre elles cache le Noir d’Ivoire. Mais on ne peut qu’imaginer ce que cachent les autres portes : riads somptueux? Maisons de famille? C’est là tout le charme de Marrakech : les plus beaux palais ont une façade complètement anonyme.
Notre âne s’arrête, on y est. La porte s’ouvre. Un petit accueil sans prétention, un passage étroit qu’on franchi très vite, et immédiatement, c’est le coup de foudre : une sublime cour intérieure, la cour d’hiver, se dévoile devant nous, avec ses balcons ouvragés, ses lampes ciselées de mille décors et son bassin central. Ravissant.
Marc, notre hôte, nous accueille de la façon la plus décontractée qui soit, avec en plus champagne et bouchées au foie gras ou au saumon fumé « tout est local, ils font de très bons produits ici ». Comment ne pas croire les conseils gastronomiques d’un Meilleur Ouvrier de France qui se fournit chez des amis ayant quitté la France pour produire ici?
On se sent immédiatement à la maison.
Le check in se fait tout seul, et se clôture avec un petit accessoire : un téléphone mobile. Ce gadget sera notre lien pendant tout le séjour avec le Noir d’Ivoire ou le reste de Marrakech, sans avoir à se soucier de tarifs de communications : Avec lui, savoir si un site touristique est ouvert, réserver un taxi, ou obtenir un conseil pour un restaurant et une réservation de la meilleure table de la terrasse (testé et approuvé!) ne sera qu’une formalité.
Marc nous conduit dans notre chambre. Nous avons réservé la chambre Gazelle. Intimiste, elle ne manque pas de charme : les tons sont chauds, or, ocre, et tous les meubles sont typiquement marocains, très richement ornementés. Le coin salle de bain use et abuse de tons or pour un effet mille et une nuits dépaysant. Le lit est grand, le matelas excellent : vous n’aurez pas de problème de sommeil pendant vos mille et une nuits (de notre côté on a passé 3 nuits sur place seulement). Mais la chambre Gazelle, ce n’est que l’une des 9 chambres et suites du riad, avec à chaque fois une ambiance spécifique, et différents niveaux de luxe, jusqu’à la terrasse privative avec jacuzzi… Mais toujours un esprit totalement marocain. A vous de choisir au moment de la réservation, de notre côté on a longtemps hésité, mais le carnet de réservation se remplissant, notre choix a été guidé par la disponibilité (je vous rassure, à aucun moment nous n’avons regretté notre choix) !
Un seul défaut dans notre chambre : impossible de régler la puissance de la soufflerie de la climatisation, c’était tout ou rien. A corriger. Mais en la lançant à l’heure du dîner et en l’éteignant à l’heure de se coucher, on profitait d’une nuit plutôt douce, rien de grave (j’en ai connu des climatisations capricieuses… Celle-ci au moins savait se taire, et nous avons profité de températures plus que clémentes)
Côté table, on l’a dit, Marc a reçu le titre de meilleur ouvrier de France, alors forcément, il sait un peu y faire en cuisine. Pastilla de légumes à tomber, tajine renversant… Il ne faut pas oublier de vérifier le menu unique du soir pour réserver sa table en cas de coup de coeur. Le dîner vous permettra aussi de vous émerveiller devant la pure magie qui se dégage du riad et de ses illuminations une fois la nuit tombée.
Le bonheur de passer quelques jours au Noir d’Ivoire ne s’explique pas seulement par la magie des lieux, le service de très haut niveau ou la qualité de la table, elle tient aussi aux mille attentions du personnel du Riad : décoration en pétales de rose délicatement apposée pour l’anniversaire de Mademoiselle diisign, petit coup de téléphone quand nous avions quitté la « maison » depuis plus de sept heures, histoire de vérifier que tout allait pour le mieux, ou l’éternel sourire de Marc et sa prodigieuse habileté à réunir les gens autour des Margaritas d’Ali… Le Noir d’Ivoire offre à ses hôtes de passage l’atmosphère d’un week end chez un ami. Version luxe.
Le Noir d’Ivoire est actuellement en travaux pour ouvrir un véritable restaurant, et en profite pour déplacer quelques éléments. A mon avis, un peu de magie va se perdre (le menu unique, consommé où l’on veut dans la cour du Riad au dîner, le fait de passer par le petit bar d’Ali pour accéder à la cour d’été… ), le joyeux désordre un peu improvisé de ces petits espaces sera remplacé par des lieux plus grands et plus réfléchis… Un seul conseil : partez tout de suite pour le Noir d’Ivoire, vous aurez connu l’avant, vous pourrez savoir si Marc a fait les bons choix en réorganisant le Riad avec son nouveau restaurant !
1 commentaire
Ajouter les vôtresEffectivement, le riad était ce bel écrin si joliment mis en valeur dans cette critique. Malheureusement, une réputation peut se perdre aussi rapidement qu’elle se constitue et mon dernier séjour au Noir d’Ivoire a été épouvantable (cuisine épouvantable car il n’y a plus aucun chef, tarifs ayant augmenté, service en baisse, chambre ayant besoin de travaux…). Bref, le riad est devenu trop cher, voire même hors de prix, pour ce qu’il propose. Ah, et si un plat est infect et immangeable (comme cela m’est arrivé à plusieurs reprises), la manager consent du bout des lèvres à ne pas vous le faire payer. Grand seigneur avec cela.