1X Neo, plus qu’un androïde, le révélateur des maux de notre société

On s’y attendait, c’est 1X qui a tiré en premier. Cette société née en Norvège et finalement basée dans la silicon valley (est-ce inéluctable que l’Europe se fasse déposséder de ses sociétés innovantes ?) est la première à commercialiser un robot humanoïde « ménager ». Mais en fait, ce n’est qu’un rêve qu’elle vous vend, à 20.000$ à l’achat ou 499$ par mois. Ca fait cher le rêve.


Les robots humanoïdes semblent être le prochain « must have » dans le domaine des gadgets électroniques, et nombreux sont les sociétés à se lancer dans la course à celui qui équipera en masse les ménages, de l’historique Boston Dynamics à Tesla en passant par de nombreuses sociétés chinoises comme Unitree. Dans les rêves des plus fainéants, un robot humanoïde va enfin pouvoir remplacer l’humain dans toutes les tâches du quotidien. Il ne restera plus à l’humain qu’à rester dans son lit à regarder des vidéos en ligne ou acheter des trucs sur internet. Un monde merveilleux nous attend.

1X a donc frappé très fort en commercialisant son robot humanoïde, le Neo, pour le commun des mortels. Alors attention, première déception : on parle de commercialisation, pas de livraison. Pour la livraison, ça attendra un jour, en 2026. Mais en attendant n’hésitez pas à faire un chèque à 1X, il sera bien dépensé.
1X Neo robot humanoïde
Mais ce n’est pas tout : à regarder les vidéos de présentation de Neo, on peut s’attendre à ce qu’il fasse la vaisselle pour nous, le ménage, qu’il s’occupe de la lessive et de plier les vêtements… Mais en fait non. Neo ne sait rien faire. C’est une carcasse de ferraille avec plein de moteurs, mais son cerveau est vide. Et pour le prix demandé, c’est donc à vous de tout apprendre à cet humanoïde. Et croyez-moi, le chemin va être long. Je ne dis pas ça parce que je dois actuellement tout apprendre à une fille de 6 ans, mais parce que je suis de près les développements des systèmes « intelligents » dopés à l’intelligence artificielle.
1X Neo robot humanoïde
Un exemple : la conduite autonome. Si vous pensiez que barder un voiture de caméras et de puissance de calcul pour résoudre un simple problème qui consiste à suivre la route en respectant le code de la route et tous les autres usagers autour était plutôt simple (et on peut dire que c’est le cas, ça peut se résumer à un vague problème à deux dimensions que les plus bêtes des humains parviennent à résoudre), demandez à Elon Musk qui nous promet la conduite autonome pour chaque année depuis maintenant 7 ans. Vous allez peut-être me répondre que le problème est en voie de résolution parce que des vidéos impressionnantes montrent que la version 14.1 du FSD (Full Self Driving, en version supervisée, c’est à dire que le conducteur doit toujours rester attentif à ce qui se passe) de Tesla circulent… Mais le site communautaire fsd trackermontre qu’on n’est qu’au tout début de la « marche des 9 » qui vise à conduire sans problème dans 99,9999999% des situations, avec une distance parcourue en ville avant désengagement critique qui monte actuellement à presque 2800km. C’est certes impressionnant, mais ça veut dire que sans humain derrière le volant, il y aurait un accident tous les 2800km, ce qui est loin d’être suffisant pour retirer le volant.

Alors imaginez la masse de données que doit analyser et comprendre un robot humanoïde pour réaliser une tâche toute simple, comme par exemple ranger le lave-vaisselle sans rien casser, et vous comprendrez que non seulement les modèles d’intelligence actuels sont bien trop limités pour y arriver, mais qu’en plus avec la technologie actuelle, il est inconcevable qu’un modèle suffisant puisse tourner en local dans un robot.

Je suis 1X depuis un moment, et ils cherchaient jusqu’à il y a peu des testeurs pour la version bêta de Neo. La nouveauté finalement, c’est qu’ils font payer la bêta. Ah, et ils ont ajouté des yeux sur le visage de leur robot, ça le rend un peu moins creepy… On s’était habitués à ce que les entreprises tech (voire automobile, avec comme bel exemple le Volvo EX90) commercialisent des produits dont le logiciel n’était pas finalisé, 1X franchit la ligne rouge et essaie désormais de vendre un hardware alors que la partie software en est à ses balbutiements.
1X Neo robot humanoïde
Le tour de magie de 1X pour que Neo puisse faire quelque chose consiste tout simplement à téléopérer son robot par un humain, à distance. Si vous trouvez ça trop intrusif (et on vous comprend), sachez que 1X affirme que les visages sont floutés automatiquement dans les flux vidéo que reçoivent les téléopérateurs. Une fois que la phase d’apprentissage sera finie, Neo devrait pouvoir commencer à faire des choses de façon indépendante. La question est combien d’années cette phase d’apprentissage durera-t-elle ?

En attendant, Neo et ses amis risquent de rétablir une forme d’esclavage. Je vois très bien un avenir où des ménages (aisés) s’équiperont de ce genre de robots pour les aider dans leurs tâches du quotidien, tandis que des téléopérateurs basés dans des pays lointains (pauvres, très pauvres, voire très très pauvres) manipuleront les membres robotiques à distances pour réaliser ces tâches, pour un salaire misérable… Ce n’est pas une dystopie, c’est une nécessité : il faut des données pour que ces robots apprennent à faire quelque chose, et on s’apercevra bien vite qu’un ingénieur de la silicon valley est un peu trop cher pour manipuler à distance votre linge sale. Il suffira alors d’équiper des armées « d’employés » de casques VR dans des « fermes d’IA » au bangladesh ou ailleurs, et zou, bienvenue dans le futur.
1X Neo robot humanoïde

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