IFA 25 : la guerre (à l’innovation) des robots laveurs de sol

A Berlin cette année, les constructeurs chinois, ou plutôt les « marques globales » comme ils aiment qu’on les appelle, se sont lancées dans une guerre sans merci dans le domaine des robots nettoyeurs de sol. C’est d’ailleurs à l’une d’elles, Mova, que je dois ma présence au salon allemand.

Ce que ces marques ont compris, c’est que le robot nettoyeur de sol est un produit très pratique, qui rend désormais un résultat impeccable pour la plupart d’entre eux, mais que les foyers sont encore peu équipés, sans doute en raison des résultats mitigés des tout premiers modèles.

Désormais, à peu près toutes les marques proposent au moins deux types de serpillères sur leur gamme de robots : disques rotatifs (et leurs variantes) ainsi que rouleaux (cylindriques ou oblongs pour maximiser la surface de nettoyage) qui se doivent de s’autonettoyer à chaque rotation, avec un système pour atteindre les bords et les coins des pièces, et ainsi éviter de laisser quelques centimètres sales le long des plinthes. Les stations permettant le vidage automatique du robot et le nettoyage de sa serpillère sont devenues le minimum acceptable. Mais les marques ont encore d’autres idées d’innovations. Alors voici un petit résumé de mes découvertes plus ou moins utiles qui sortaient du lot à Berlin.
Eufy Mars Walker


Dreame Cyber X ou Eufy Mars Walker, ou Mova Zeus 60 : c’est LA tendance de l’IFA, qui faisait le show sur les stands, les trois marques concurrentes annonçant chacune être la première au monde à offrir un robot aspirateur qui sait grimper les escaliers. Alors que Dreame et Eufy ont opté pour une solution similaire de chenilles permettant de gravir un escalier assez rapidement en diagonale, Mova se différenciait avec un système de bras télescopiques permettant la montée (ou la descente) marche par marche : c’est lent mais ça fonctionne aussi avec les escaliers en colimaçon. Mais les point commun de ces trois gadgets sont négatifs :
– Il ne s’agit pas du robot aspirateur qui gravit directement les escaliers, mais d’une sorte de berceau mobile où le robot vient s’insérer. Une plateforme de déplacement qui prend un peu plus de surface au sol que le robot lui-même, qu’il faut recharger, et sûrement un produit presque aussi cher qu’un robot d’entrée de gamme.
– On ne parle que de monter un escalier, pas de le nettoyer ! A chaque fois, le robot est sur une plateforme pleine (il n’y a pas d’ouverture pour laisser passer l’aspiration du robot ou sa serpillère) pendant la montée, il ne fait que se balader, il ne nettoie pas !
Dans ces conditions, il sera toujours plus malin de placer un robot par étage…
Roborock 4-in-1 cleaning hub
Roborock 4-in-1 Cleaning Hub : un lave-linge et sèche linge au bas duquel une trappe motorisée dissimule un robot aspirateur et laveur de sol. Soit quatre fonctions bien utiles dissimulées dans l’encombrement d’un classique lave linge. Pratique si vous n’avez pas la place pour un robot, pas super pratique si le lave linge n’est pas à l’étage que vous souhaitez nettoyer ! Ce n’est encore qu’un concept mais je ne vois pas pourquoi ça mettrait très longtemps à sortir dans le commerce, à part bien sûr si Roborock ne lance pas sa gamme de lave-linge en Europe.
Mova Sirius 60 robot à deux bras
Mova Sirius 60 : la marque aime se différencier, puisqu’elle a repris le principe du bras articulé permettant de saisir les objets qui traînent, déjà vu au CES chez Roborock et Dreame, mais plutôt que de placer un grand bras fragile sur le dessus du robot, avec une trappe motorisée, Mova a opté pour deux petits bras à l’avant du robot, qui lui donnent un vrai look de crabe. Un bras sert à nettoyer les coins difficiles d’accès avec une brosse, l’autre à saisir les petits objets qui traînent, avec ses 7 axes et sa pince à quatre griffes. Et les deux bras peuvent être utilisés conjointement pour déplacer les plus gros objets. Si ce robot reste un concept, connaissant la rapidité de développement de Mova, il ne devrait pas tarder à débarquer dans le commerce.
Ecovacs Deebot X11 OmniCyclone
Ecovacs Deebot X11 Omnicyclone : ce robot se veut un concentré d’innovations vraiment utiles pour le client, entre système permettant de franchir des seuils, détection de tâches par IA qui permet au robot d’insister sur les tâches tenaces, serpillère rouleau nettoyée en continu par injection d’eau pour rester propre, ou encore technologie de double batterie qui permet de récupérer 6% de charge en seulement 3 minutes, ce qui permet de nettoyer une surface de 1000m2 en une séance. Si vous avez 1000m2 de plain pied, vous pourrez donc enfin dire adieu à vos femmes de ménage ! 1199€.
Narwal Flow
Narwal Flow et station compacte : la marque arrive enfin pour concurrencer Dreame qui était seul avec un concept de station encastrable : plutôt que de s’amuser à vider le bac d’eau sale et à remplir le bac d’eau propre de la serpillère du robot, pourquoi ne pas le connecter directement aux arrivées et évacuations d’eau usée de la cuisine ? Sans bacs d’eau, la station est plus compacte et devient « encastrable » (pas complètement, ça manquait un peu de fillers et peut-être d’une porte pour un look complètement encastré, mais c’est l’un des robots les plus discrets si vous pensez à lui quand vous concevez votre cuisine. Par contre le design se paie : 899€ pour le Narwal Flow « normal » tandis que la version avec station compacte est vendue 1499€ !

3i S10 Ultra : alors là, je retarde un peu car les responsables de 3i m’ont informé que ce robot était disponible en France depuis mars. Mais bon, quand on choisit un nom de marque impossible à rechercher dans Google, ça n’aide pas non plus ! Si la station de nettoyage de ce robot mérite de loin la palme de la plus moche et encombrante de l’IFA, elle est aussi la plus étonnante : on n’a pas besoin de la recharger en eau propre, car elle recycle l’eau sale par distillation, et complète l’eau perdue en utilisant l’humidité ambiante ! La seule chose restant à faire est de vider le sac de déchets tous les 3 à 4 mois. Sans doute le robot qui requiert le moins d’action humaine. 1299€
Dyson Spot + Scrub Ai
Par rapport à cet arsenal déployé par la Chine, que reste-t-il aux Européens ? Vraiment pas grand chose : j’ai croisé des robots aspirateurs chez Bosch qui ressemblaient à des produits chinois de marque blanche en retard par rapport aux basiques cités en début d’article, et Dyson (dont une bonne partie de la R&D est désormais asiatique) a profité de l’IFA pour lancer un nouveau robot qui laisse de côté (ou plutôt dans sa station de lavage) son aspiration cyclonique et ressemble désormais à tous les autres robots. Ce Spot+Scrub Ai (c’est son nom difficile à retenir) devrait être disponible en fin d’année, et sait étendre sa brosse dans les coins, la laver en continu, ou détecter les tâches pour insister dessus. Des choses déjà disponibles chez Ecovacs, le tout pour un prix sans doute élitiste vu que c’est du Dyson.

Et si vous vous demandez où en sont les robots humanoïdes, étant donné que c’est l’image d’illustration choisie pour cet article, la réponse est que malgré tout le buzz, ils ne sont clairement pas prêts, car les seuls modèles un peu mobiles étaient toujours entourés d’ingénieurs pour contrôler leurs moindres faits et gestes, entre deux pannes…

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