[test] Frédérique Constant Hybride Manufacture, l’avènement d’une nouvelle race de montres

Frederique constant hybrid Manufacture test review montre connectée
Quand on parle montre connectées, on parle électronique, écrans OLED, capteurs en tout genre. Et si on parlait un peu mécanique, matériaux luxueux, finitions, mouvements… Si on parlait horlogerie plutôt que gadget? C’est cette voie nouvelle que tente Frédérique Constant avec son Hybrid Manufacture. Je vous livre mon point de vue sur cette nouvelle chimère après quelques semaines au poignet.

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Design

Les lignes de l’Hybride Manufacture sont extrêmement classiques. Du boîtier double goudron (oui, parlons peu, parlons bien : on parle du double bossage entre la lunette et l’extérieur du boîtier), couronne de remontoir « boule », cadran blanc (pour mon modèle de test, un modèle noir est aussi disponible) au guillochage clou de Paris, graduations pour chaque minute et index en chiffres romains légèrement en retrait pour animer le cadran d’un petit volume… Rien n’indique qu’on est face à une montre hybride ou connectée, si ce n’est le logo HYBRID à trois heures. Logo à la police un peu trop moderne pour bien se fondre sur ce cadran classique, dommage. Je l’aurai tout simplement supprimé tant il est superflu de rappeler que cette montre n’est pas comme les autres.
Les aiguilles « pomme » façon Breguet sont très lisibles mais ont un défaut : elles sont dépourvues superluminova (ou équivalent phosphorescent), ce qui veut dire que cette montre est complètement illisible de nuit, pas la peine d’essayer de lire l’heure au cinéma!
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Le cadran est animé par une grande seconde, dont le mouvement élégant vous rappelle que vous êtes du bon côté de l’horlogerie, celui des montres mécaniques. A six heures, une grande aiguille affiche la date, tandis qu’à midi prend place l’aiguille multifonctions qui peut vous donner votre progression par rapport à l’objectif de pas, un second fuseau horaire ou le niveau de la batterie. Les fonctions de cette aiguille s’activent très simplement via le bouton à dix heures (ou 9h30 pour être exact, mais ça ne se dit pas!). Côté ergonomie, j’aurai placé ce bouton de contrôle à deux heures pour un look plus classique de chronographe monopoussoir et surtout pour pouvoir le manipuler sans sortir totalement la montre de ma manche.

En retournant la montre, j’ai été surpris de trouver derrière la glace saphir un mouvement à la finition extrêmement soignée : cotes de Genève au centre, perlage sur les côtés, masse oscillante contrastée en finition dorée… Frédérique Constant offre là l’un des plus beaux mouvements qu’on peut admirer dans une montre à peine plus chère que 3000€. Bien joué.
L’électronique est donc complètement prise en sandwich entre le cadran et le calibre mécanique. Seuls subsistent un petit dome juste au dessus de la couronne de remontoir qui sert de point de charge, et le bouton de contrôle. Tout le reste (à part le cadran évidemment) est complètement dissimulé.
Enfin, le bracelet est un superbe alligator « fait main » (c’est écrit dessus) tout noir sur ma version, doté d’une boucle déployante en acier ornée du blason de Frédérique Constant, que j’aurai peut être placé dans l’autre sens.
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Notons que la montre est vendue dans une énorme boîte (c’est la norme dans l’horlogerie de luxe, il en faut pour son argent… L’écologie et la sobriété, ça sera pour les prochaines générations, s’il en reste, on dirait) aux marquages un peu trop chargés, mais qui a la bonne idée de servir de remontoir électrique. Un gadget qu’aprécient certains passionnés de montre et qui vaut en général au moins 300€ : c’est toujours ça de pris, et là encore c’est du jamais vu sur une montre à 3000€. Le support rotatif est prévu pour abriter le chargeur, amovible, qui se connecte via une prise micro USB (faute de goût en 2018, surtout pour un produit conçu pour durer).
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Performances
On l’a déjà dit, cette Frédérique Constant a tout de la belle montre mécanique, au point qu’elle pourra séduire un public qui aura craqué sur elle sans jamais utiliser (ou presque) la partie connectée. Mais ce serait perdre quelques fonctions vraiment intéressantes, comme le second fuseau horaire, qui est la fonction la plus simple et classique de la partie connectée.
Frederique constant hybrid Manufacture test review montre connectée application iPhone
L’affichage des trois fonctions connectées se fait facilement : vous choisissez une fonction affichée en permanence, une fonction secondaire activée par un appui sur le bouton, et une troisième fonction activée par un double clic. Le problème du bouton, outre sa position, c’est son toucher : il ne « clique » pas, il est mou, et cette absence de retour d’information est pour moi contraire à l’esprit d’une montre mécanique, et peu ergonomique (« n’ai-je pas assez appuyé ou bien la batterie est-elle vide? »).
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Le suivi d’activité est très classique : la montre compte votre nombre de pas, et vous récupérez une courbe d’activité sur votre smartphone. Hélas pas de baromètre sur l’Hybrid Manufacture, donc vous n’aurez pas d’affichage du nombre d’étages gravis. Pas non plus de suivi d’activités sportives, mais là c’est normal : je n’ai jamais vu personne porter une belle montre avec un bracelet cuir pendant une session de sport!

Le suivi du sommeil est comme pour toutes les montres que j’ai pu essayer vraiment très peu précis. Le défaut est qu’il doit s’activer manuellement, la montre ne détectant pas que vous vous couchez. Mais vous pouvez heureusement comptabiliser une nuit de sommeil à postériori si vous avez oublié de lancer le mode sommeil : il vous suffira d’entrer vos heures de coucher et de lever, et l’application affichera la courbe de suivi que la montre a enregistré. Au final, je n’aurai qu’une chose à dire : le suivi du sommeil est inutile sur cette montre pour trois raisons :
– comme pour toutes les montres il est très peu précis et une simple application comme sleep cycle (sur iPhone) donnera de bien meilleurs résultats
– il n’est pas lié à une fonction de réveil intelligent (la montre ne vibre pas et ne sonne pas)
– je vous déconseille fortement de passer la nuit avec une montre de luxe au bracelet alligator si vous voulez éviter de la faire vieillir trop vite
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La vraie bonne surprise de la partie connectée, absente de toutes les autres montres (et pour cause), c’est le suivi de la marche du mouvement mécanique. Pour la première fois, vous pouvez consulter les statistiques de fonctionnement de votre montre mécanique : erreur de marche (nombre de secondes d’avance ou de retard quotidiennes), l’amplitude du balancier en degrés, et l’erreur de battement en millisecondes (différence de temps entre le balancement d’un côté et de l’autre du balancier). Avec ce genre de données, vous saurez s’il est temps de faire réviser votre montre et n’aurez pas besoin de vous fier aux dires plus ou moins réalistes des marques. C’est pratique mais c’est aussi très malin : la partie connectée est en synergie avec la partie mécanique. Frédérique Constant n’a pas juste cherché à placer un tracker d’activité dans une montre mécanique, ses ingénieurs ont tenté de proposer des solutions nouvelles qui ont un sens.
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Le chargeur est plutôt capricieux : il s’agit d’une grosse pince dont les deux points de contact électriques sont le bouton de contrôle et le petit dome au dessus de la couronne qu’on a déjà évoqué. Malgré le système de ressort qui pince la montre, le contact ne se fait pas forcément efficacement, et la montre risque de ne pas se charger complètement. C’est dommage, d’autant plus que le contact électrique risque de ne pas se faire une fois que le chargeur commence à tourner dans son boîtier remontoir.
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Parlons autonomie… Frédérique Constant n’a pas (encore) réussi à créer une électronique assez sobre pour être rechargée par le balancier de la montre, et c’est donc par une petite batterie que la partie connectée est animée. Trop petite sûrement, étant donné la place infime qu’il devait rester pour la partie connectée. Au final, je ne tenais pas vraiment plus de trois jours, même en faisant très peu bouger l’aiguille connectée. C’est très décevant, surtout quand on compare à une Withings Steel HR (en test ici) qui tient jusqu’à 25 jours, pourtant dotée d’un écran et d’un capteur cardiaque. Espérons que l’avancée de la technologie permettra un jour d’alimenter une électronique connectée avec un balancier mécanique…

Conclusion
Valeur sûre. C’est la première chose qui me vient à l’esprit quand il s’agit de conclure sur cette Hybrid Manufacture : avant d’être une montre connectée, c’est une belle montre, et une montre mécanique de surcroit. Dans 10 ou 20 ans, vous aurez encore une montre qui vous donnera l’heure de façon élégante avec son beau mouvement, quoi qu’il soit arrivé à la partie connectée (vous risquez au pire une aiguille fixe si plus rien ne marche ou n’est compatible niveau électronique), une montre que vous devriez toujours avoir plaisir à porter. On ne peut pas en dire autant d’une Apple Watch Hermès (mon avis sur la Series 4 ici), d’une Louis Vuitton Tambour Connected ou d’une Tag Heuer Connected Modular.
La partie connectée de cette Hybrid est loin d’être parfaite, avec peu de fonctions et un chargeur capricieux, mais ce qui m’a complètement bluffé c’est cette idée intelligente d’utiliser l’électronique pour monitorer le bon fonctionnement de la montre.
En résumé, cette montre fera date dans le petit milieu de l’horlogerie, la première hybride automatique connectée, et on espère qu’avec le temps et les progrès de l’électronique, les synergies soient plus fortes entre les deux parties.
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L’Hybrid (à droite) intègre deux montres très différentes (à gauche)!

Les + :
+ Allure classique très réussie
+ Superbe finition de la montre et du mouvement
+ Bonne lisibilité des aiguilles
+ Boîte remontoir (et chargeur) fournie
+ Second fuseau horaire pratique
+ Fonctions de suivi de la bonne marche du mouvement

Les – :
– Position du bouton de contrôle peu ergonomique
– Toucher du bouton de contrôle trop mou
– Autonomie de la partie électronique limitée à 3 jours environ
– Illisible la nuit
– Chargeur capricieux
– Chargeur Micro USB et pas USB C
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